Montauban pas si content

Quand on débute dans la Coupe d'Europe, le plus dur est de se faire un nom. Il faut parfois plusieurs matchs, plusieurs saisons, pour décrocher une légitimité. Il n'aura fallu qu'une rencontre à Montauban pour y arriver. Désormais tout le monde sait où se situe Montauban sur la carte de France. En frôlant l'exploit à Thomond Park qui battait un record d'affluence, 23.500 spectateurs, le MTG XV a tout simplement impressionné et ramené un très précieux bonus défensif. Pourtant, ce n'est pas le sentiment des Tarn-et-Garonnais.

"Ce point est lourd et très difficile à la fois, analyse Laurent Travers. Il va faire de nous les arbitres de cette poule. Ceux qui nous ont vu jouer vendredi seront deux fois plus vigilants et ce sera donc deux fois plus dur pour nous!". Dans le vestiaire après-match, le troisième ligne centre Marc Raynaud pestait, plus rongé par les remords que fier des siens. Eh oui, comme la presse le souligne ce matin, c'est la botte de Ronan O'Gara qui a sauvé les champions d'Europe en titre de la plus grande déconvenue de la saison. Et qui dit botte de l'ouvreur international, dit pénalité. Et qui dit pénalité, dit forcément faute tarn-et-garonnaise! "Nous avons manqué de maîtrise," peste le trois-quarts centre Rida Jaouher qui renouait avec la compétition vendredi soir. Pour Raynaud, il n'y avait pas lieu de siffler.

Sur le coup d'envoi long de la pénalité réussie par Petre Mitu à la 75e minute de la rencontre, Raynaud réceptionnait et tentait de partir au ras. Mais les deux deuxième ligne irlandais, O'Connell et O'Callaghan, ont de la bouteille et ont exercé une bonne pression sur le troisième ligne français encore dans ses 22. Le combat au sol s'intensifiait et l'arbitre portait le sifflet à sa bouche pour pénaliser le talonneur remplaçant du MTG XV, Brice Mach. Dans les 22m tarn-et-garonnais, quasiment face aux perches, cette faute était du pain béni pour O'Gara. On jouait alors la 76e. Le Munster prenait le score pour ne plus le lâcher.

Rester vigilants

Dans le combat au pied, Mitu laissait huit points en route et O'Gara trois... De quoi faire la différence et de quoi renforcer les remords. "Nous nous sommes battus comme des lions. Quand ils étaient un, nous étions trois, revit Jaouher. J'ai toujours connu ce Montauban là, conquérant et guerrier. Nous avons su élever notre niveau de jeu. Il n'empêche que nous sommes complètement déçus de ce résultat."

Pris de haut par des champions qui ne pensaient faire qu'une bouchée des tendres nouveaux venus, Montauban a joué simple en privilégiant l'occupation du terrain avec Mitu et Lespinas notamment. Résultat, les Tarn-et-Garonnais ont réussi à faire taire la Red Army. Dans le Thomond Park, c'étaient bien les "Sapiac" scandés par les 300 Montalbanais qui mettaient l'ambiance. "Les joueurs ont su aller chercher très loin au fond d'eux-mêmes, souligne Laurent Travers. C'est très bon signe pour la suite et il faut s'en servir de fond de commerce pour la suite." L'entraîneur tient cependant à relativiser : "Il y a trois semaines, nous étions bons à être jetés à la poubelle. Aujourd'hui, nous sommes sur le toit de l'Europe... Il y a un juste milieu. Nous devons garder notre humilité et ne pas rester sur notre nuage. Si ce match nous a permis de gagner en sérénité et en confiance, il s'est quand même conclu par une défaite et beaucoup de déception. Il faut rester vigilants, ce n'est qu'un match dans la saison. Nous en avons joué huit. Il en reste 32."

Rentrés à quatre heure du matin dans la nuit de vendredi à samedi, les hommes de Travers s'octroient 48 heures de repos amplement mérités avant de repartir à l'assaut de l'Europe.