Imbroglio à la française

Par Rugbyrama
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Depuis deux jours, un incroyable imbroglio entre Bourgoin, la LNR et l'ERC entoure la désignation de Gloucester pour accueillir la finale du Challenge européen. Retour sur ce psychodrame qui vire au conflit entre Pierre-Yves Revol, président de la LNR et Jean-Pierre Lux, président de l'ERC.

Bourgoin, frustré par la désignation de Gloucester pour accueillir la finale du Challenge européen entre le club isérois et Northampton le vendredi 22 mai (20h45), avait allumé une première mèche lundi : "Notre déception est bien évidemment immense. […] Les supporters sont contraints de se déplacer un vendredi pour un voyage long, complexe à organiser et coûteux ; Gloucester est situé à moins de 150 km de Northampton, les supporters de nos adversaires n'en demandaient pas tant ! ".

La Ligue Nationale de Rugby a pris le relais dès mardi en réagissant également de façon vive à cette annonce par la voix de son président Pierre-Yves Revol : "En choisissant la ville de Gloucester pour organiser la finale du Challenge européen, l'ERC n'a absolument pas pris en compte l'intérêt des clubs français et plus particulièrement celui de Bourgoin. La LNR n'a même pas été informée, ni consultée dimanche dernier sur le choix de la ville arrêté par l'ERC". Et voilà que la polémique à dimension continentale est en train de prendre une tournure franco-française. En effet, l'ERC, qui a pris cette décision, est présidé par un Français, Jean-Pierre Lux, également vice-président… de la LNR.

De manière ironique mais évidemment dénonciatrice, Pierre-Yves Revol a fait remarquer que Jean-Pierre Lux était donc bien placé pour prendre contact avec la Ligue. Mais de son côté, ce dernier a tenu à apporter sa version des faits : "Je suis très déçu et surpris de cette annonce de fausses informations. Nous avions adressé fin janvier un courrier au président de la Fédération française de rugby et au président de la LNR […] pour savoir si la France était candidate à l'organisation de la finale du Challenge européen. […] Nous n'avons rien reçu en retour". Selon lui, c'est à ce moment-là que Bourgoin (ou Brive, encore qualifié) aurait dû alerter la LNR pour qu'elle fasse acte de candidature. L'explication serait donc simple : la France n'était tout simplement pas candidate à l'accueil de l'événement. Mais Pierre-Yves Revol se justifie en expliquant que le lieu du rendez-vous ne devait être choisi qu'à la veille des demies. Un incroyable imbroglio doublé d'un conflit, si ce n'est d'intérêt, au moins de personnes.

Tout le monde se renvoie la balle

Et l'histoire ne va pas en rester là puisque dans la foulée de la demande par le club de Bourgoin d'un réexamen de la décision, la LNR a aussi réclamé "à l'ERC de reconsidérer sa position pour l'organisation de la finale […] de façon prioritaire en France qui ne l'a pas accueilli depuis 1999/2000 […] ou à défaut dans la ville anglaise la plus accessible pour les supporters berjalliens". Londres était d'ailleurs un temps pressenti par recevoir la finale mais Jean-Pierre Lux a justifié le choix de Gloucester plutôt que le Twickenham Stoop, en banlieue de la capitale anglaise, "pour des raisons de sécurité " liées à l'étape du circuit mondial de rugby à VII organisée à Twickenham les 23 et 24 mai. Et le président de l'ERC a prévenu qu'il était désormais hors de question de changer le lieu désigné. Une question se pose alors : Qui est le véritable responsable de ce fiasco ? Chacun se renvoie la balle et le président de la LNR en profite pour remettre sur le tapis la polémique du rugby hexagonal lésé dans les compétitions européennes. Une controverse également alimentée par les récentes décisions arbitrales défavorables aux clubs français.

En attendant, pendant que Jean-Pierre Lux et Pierre-Yves Revol se déchirent par communiqués interposés, c'est Bourgoin qui pâtit de ce psychodrame rugbystique. Le club isérois a certes tenté d'apaiser les tensions mardi en fin d'après-midi : "Dans l'éventualité où notre demande ne trouverait écho auprès des instances dirigeantes, le CSBJ travaille sans plus attendre […] pour proposer à ses partenaires et supporters un déplacement dans les meilleures conditions. […] Le CSBJ fait tout son possible pour que cet évènement soit une réussite partagée !".

Mais Bourgoin peut légitimement se sentir lésé et paye doublement les frais des subtilités et des ambigüités des règlements et décisions de l'ERC. En effet, la finale étant programmée le vendredi soir, les hommes de Xavier Péméjà et Eric Catinot devront certainement se priver du soutien de nombreux supporters berjalliens. Mais aussi d'une partie de la France. S'ils venaient à gagner, ils empocheraient le ticket européen promis à la 6e place du Top 14 convoitée par Brive, Biarritz ou Bayonne. Ces derniers ne seront donc pas derrière leurs compères français... L'ultime absurdité de toute cette histoire.

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