Le Munster beau joueur

Les grandes équipes savent gagner. Elles savent aussi perdre. Le Munster l'a prouvé vendredi soir à Stradey Park. A l'heure de rendre leur couronne européenne, les Irlandais n'ont pas cherché la moindre excuse pour justifier leur chute. Juste une explication, en forme d'hommage, tenant dans la supériorité de leur adversaire. Elle ne se discute effectivement pas au regard des 80 minutes de ce quart de finale. Encore fallait-il avoir le bon goût de le reconnaître.

Ce fut notamment le cas de Declan Kidney, l'entraineur des désormais ex champions d'Europe. "Nous n'avons même pas pu les faire douter. J'ai toujours dit que je serai le premier à applaudir des deux mains si nous étions battus par une meilleure équipe que nous. Llanelli a été plus fort ce soir et il faut les féliciter ", ait-il confié. "Ils viennent de remporter sept matchs consécutifs en Coupe d'Europe. Ils jouent avec une énorme confiance en eux, comme c'était notre cas la saison dernière."

"Llanelli avait trop faim pour nous"

Manifestement, cette confiance a abandonné le Munster, qui semble ne jamais s'être vraiment remis de sa défaite à domicile contre Leicester, en phases de poules. Comme si un ressort s'était cassé ce jour-là. La mécanique irlandaise, si bien huilée depuis un an et demi, ne tourne plus tout à fait aussi rond depuis. Bousculés, y compris au niveau du cinq de devant, on les a également vus manquer plusieurs plaquages décisifs. Les habituels leaders, comme Ronan O'Gara, défaillant, ou Peter Stringer, extrêmement nerveux, sont passés à côté de leur match.

Certaines absences, comme celle du capitaine Paul O'Connell, ont évidemment pesé. Mais elles ne justifient pas les manques observés. Ronan O'Gara en convient aisément: "Je ne crois pas que nous aurions pu nous en sortir même avec lui. La mise en application de nos intentions était vraiment trop pauvre pour espérer remporter ce match. Je crois que Llanelli avait trop faim pour nous." Tout est contenu dans cette dernière phrase. Le Munster n'a pas mis l'intensité nécessaire dans son jeu pour pouvoir se sortir d'un tel enfer.

Il sera maintenant intéressant d'observer de quelle manière les champions 2006 vont parvenir à rebondir. "On va vraiment voir ce que ce groupe a dans le ventre, juge O'Gara. Si nous sommes costauds, nous repartirons. Sinon, ce sera dur. Mais ce qui est formidable avec cette équipe, c'est que nous gagnons et que nous perdons tous ensemble." Il y a encore trois mois à peine, le Munster s'affichait en principal candidat à sa propre succession, fort de sa série record de 13 victoires sur la scène continentale. De cela, il ne reste plus grand-chose aujourd'hui...