Clermont: tout ou rien?

A moins d'un mois de la fin de la saison, Clermont est peut-être en route pour un printemps historique. Si tout se goupille bien, les Jaunards pourraient réussir un fabuleux doublé en enlevant coup sur coup la Challenge européen et le Bouclier de Brennus. En début de saison, ils ne visaient ni l'un ni l'autre. Parent pauvre des compétitions continentales, le Challenge n'occupait pas franchement les esprits clermontois. Quant au sacre national, il semblait trop haut. Une place dans les six premiers, synonyme de qualification européenne, aurait suffi à leur bonheur.

Aucun club français ne peut pourtant aujourd'hui se targuer de vivre une fin de saison plus excitante que Clermont. Qualifiés pour les demi-finales du Top 14 depuis le week-end dernier, les hommes de Vern Cotter peuvent déjà épingler un premier titre, samedi, s'ils battent Bath en finale du Challenge européen. Ils l'avouent, ils se sont pris au jeu. "Même si ce n'était peut-être pas l'objectif en début de saison, gagner un titre est important pour le club et sur le plan individuel", note ainsi Antony Floch.

"On ne pense pas à tout ça"

Une victoire samedi aurait deux énormes avantages: elle permettrait au groupe d'aborder les demi-finales du championnat plus libéré, et elle garnirait un palmarès assez faiblard. Le club auvergnat a certes déjà remporté le Challenge européen (alors nommé Bouclier européen) en 1999, face à Bourgoin, mais il est davantage habitué aux frustrations qu'aux célébrations. Dans cette même compétition, l'ASM a buté sur la dernière marche en 2004, face aux Harlequins, pour un tout petit point (27-26). Pierre Mignoni était présent. Il n'a pas envie de revivre ce moment. "Je n'en garde pas un bon souvenir c'est clair. A vrai dire, je ne l'ai jamais digéré ", confie le demi de mêlée international.

Clermont, c'est aussi sept finales de championnat perdues, pour aucun Bouclier. Jean-Marc Lhermet, actuel manager de l'ASM mais qui a perdu trois finales nationales en tant que joueur, n'a aucune envie de voir se prolonger cette mauvaise habitude. "Après avoir été autant de fois finalistes bredouilles au niveau national et après avoir perdu notre dernière finale de European Challenge Cup, nous connaissons trop ce sentiment de passer juste à côté, et nous voulons l'oublier. Cette année je veux voir Clermont remporter des titres", lance l'ancien troisième ligne jaune et bleu.

Une défaite face à Bath, suivie d'une autre en demie ou en finale du Top 14 et l'étiquette de brillant loser pourrait resurgir. "Cette saison, on a fait de belles choses. Maintenant, il faut faire de grandes choses", enchaîne Mignoni. Toute la nuance entre une saison réussie et une saison historique. Il assure toutefois que le poids de ce passé parfois douloureux ne jouera pas à l'heure du sprint final: "Franchement, on ne pense pas à tout ça. Le groupe est très serein et confiant. Si on doit perdre ce match, ce ne sera pas à cause des précédentes finales perdues."