Clermont et Toulon, 2 modèles en confrontation

Par Rugbyrama
  • Tribunes Clermont
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  • Eric de Cromières, le président de Clermont
    Eric de Cromières, le président de Clermont
  • Mourad Boudjellal
    Mourad Boudjellal
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CHAMPIONS CUP - Quand Clermont s'affranchit progressivement de l'entreprise Michelin, Toulon reste entièrement dépendant de son président Mourad Boudjellal : les deux cadors français, qui s'affrontent dimanche en Coupe d'Europe, ont des modèles de gestion très éloignés l'un de l'autre.

Nos modèles sont complètement différents !, clame lui-même le facétieux Boudjellal, qui a fait en dix ans de Toulon un grand d'Europe. A Toulon, je me suis investi personnellement, insistait mardi celui qui a pris les rênes du RCT en 2006, le hissant en quelques années de la Pro D2 au sommet de l'Europe, avec trois titres consécutifs (2013, 2014, 2015).

Je suis un chef d'entreprise qui gère avec ses fonds, estime celui qui a fait fortune à la tête d'une maison d'édition spécialisée dans la bande dessinée. À Clermont, c'est Michelin qui a les fonds (...). Éric de Cromières (le président de l'ASM) a plus de confort que moi. Je suis même jaloux, ajoute Boudjellal, toujours taquin.

L'AS Michelin, c'est fini

Faux, répond-on du côté du Puy-de-Dôme, où l'on affirme avoir créé un modèle économique vertueux, comme celui de La Rochelle. Le club ne parle pas de subvention ni de mécène : entreprises et collectivités achètent des prestations (places ou encarts publicitaires) au sein du bien nommé stade Marcel-Michelin (19 000 places). Le conseil régional, qui avait déjà une tribune à son nom, a ainsi officialisé lundi le versement de 400 000 euros.

Résultat : la part de Michelin, toujours le plus gros partenaire privé, dans le financement du club - à l'origine l'AS Michelin, rebaptisée en AS Montferrandaise - est en baisse à 7%, contre 9% l'an passé. On le considère comme un partenaire comme un autre. S'il manque 2 millions, ce n'est pas Michelin qui va les mettre sur la table, affirme-t-on au sein de la direction.

Eric de Cromières, le président de Clermont
Eric de Cromières, le président de Clermont

Propriétaire de son stade, un des seuls cas en France, l'ASM génère d'importants revenus grâce cette infrastructure. Son bon début de saison lui a permis d'avoir une billetterie en hausse et de mettre en lumière "ASM Expérience", son musée nouvelle génération. Ce vaste espace scénographique installé dans les entrailles du stade a accueilli près de 120 000 personnes depuis son ouverture fin octobre 2016 et est à l'équilibre financièrement, selon le club.

Un concert de Manu Chao aura lieu fin juin sur la nouvelle pelouse hybride. L'ASM, qui a ouvert son conseil d'administration à d'autres personnalités non issues du sérail Michelin, semble avoir réussi le pari de la diversification des revenus.

Le nouveau projet de Boudjellal

Avec cette hygiène économique, le champion de France 2010 - son seul grand titre - a résisté aux désillusions sportives qu'il a connues depuis. Pas sûr que Boudjellal aurait continué à s'investir s'il avait rencontré de tels échecs. Le bouillant Toulonnais présente lui-même son modèle comme reposant sur l'engouement et la passion autour de son club. La venue de stars internationales (Umaga, Sonny Bill Williams, Wilkinson, Giteau, Habana...) a engendré un énorme merchandising : la marque RCT, ce sont cinq boutiques à Toulon et aux alentours, ainsi que deux restaurants.

Mourad Boudjellal
Mourad Boudjellal

La fragilité de ce plan, c'est qu'il repose sur des résultats. Et l'exaltation générale s'est essoufflée en même temps que l'équipe est rentrée dans le rang (4e du Top 14). Les gens nous font la gueule, il y a moins de passion autour du RCT et du rugby à Toulon, déplorait mardi Boudjellal. On a un modèle qui est en fin de vie. On m'a pointé du doigt, mais aujourd'hui beaucoup reprennent, avec succès, le modèle qui nous a permis de gagner en faisant notamment venir des étrangers.

Lui-même a failli jeter l'éponge et revendre le club cette saison, avant d'annoncer fin décembre qu'il resterait et allait ouvrir le capital du club et de façon gratuite aux supporters et partenaires. Boudjellal, certainement influencé par les réformes que veut mettre en place son ex-manager Bernard Laporte à la tête de la Fédération, compte sur un projet de jeu orienté vers les joueurs français et la formation pour séduire de nouveau.

L'arrivée de Fabien Galthié, en remplacement de l'Anglais Mike Ford, doit permettre un nouveau départ afin de bien remplir Félix-Mayol, agrandi pour passer de 16 200 à 18 200 places la saison prochaine.

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