Flashback : La finale 2008, le jour où Toulouse est tombé dans le piège du Munster

  • Munster - Toulouse 2008
    Munster - Toulouse 2008
  • La détresse de Grégory Lamboley
    La détresse de Grégory Lamboley
  • Paul O'Connell avec le trophée
    Paul O'Connell avec le trophée
  • Fabien Pelous et Romain Millo-Chluski
    Fabien Pelous et Romain Millo-Chluski
Publié le Mis à jour
Partager :

CHAMPIONS CUP - Munster - Stade toulousain à Thomond Park : ce quart de finale de la Champions Cup 2017, entre les deux titulaires du record de matches dans la compétition (156), sera un remake de celui de l'édition 2014. Mais surtout de la finale 2008 à Cardiff, restée dans les mémoires.

Avant la finale de la H Cup 2008 entre Toulouse et le Munster au Millennium Stadium de Cardiff, il y a eu des larmes. Celles de Vincent Clerc et Clément Poitrenaud, les deux blessés de la campagne européenne toulousaine, qui, entrant dans l'enceinte galloise, ont reçu l'émotion comme une gifle. Après la treizième finale de l'histoire qui était aussi la cinquième du Stade toulousain et de son commandant Guy Novès, il y a eu d'autres larmes : toulousaines toujours, conclusion d'une défaite 16-13 contre le Munster et d'une quatrième étoile européenne qui avait filé.

Entre les deux : un match d'une intensité folle. Une grande tension, une immense intensité dans le combat. Dans ma carrière, ça reste un match à part, classe Grégory Lamboley, aligné ce jour-là.

La détresse de Grégory Lamboley
La détresse de Grégory Lamboley

Un match que Yannick Bru ne pouvait oublier. Un mauvais souvenir. C'était ma première désillusion en tant qu'entraineur : ma première finale perdue. Heureusement, nous en avons gagné d'autres derrière. Mais j'ai gardé en mémoire le bruit assourdissant des supporters du Munster, la ruse d'Alan Quinlan qui a entraîné un carton jaune pour Fabien Pelous, une mêlée que le Munster a mieux maîtrisé que nous, notamment sur une confrontation à cinq mètres de la ligne que nous négocions mal et qui débouche sur un essai. J'ai beaucoup de flashs sombres sur ce match. Cette finale en revanche, je ne l'ai jamais revue. J'étais tellement énervé que j'avais décidé de ne pas y revenir. C'était sous la frustration. D'avoir été sous l'emprise du Munster et de sa paire de centres qui avait donné le frisson. D'avoir travaillé au millimètre toutes les option du Munster en touche mais d'avoir vu Paul O'Connell dominer notre contre avec son mix de vitesse et de hauteur, un match qui a annoncé ses longues années de règne. C'était une frustration liée aussi à la rudesse à notre égard de Nigel Owens. C'était le début d'une longue série… Mais globalement je crois que le Munster avait été un peu meilleur que nous. Nous avions tout le temps été en réaction, pas dans l'initiative.

Paul O'Connell avec le trophée
Paul O'Connell avec le trophée

Un dernier quart d'heure de pick and go

Pourtant, dans cette finale, c'est Toulouse qui prend les commandes grâce à un drop d'Elissalde (0-3). Premier round d'un combat de boxe. Du coup pour coup. C'est le Munster qui revient après une exceptionnelle séance de pick and go devant la ligne toulousain, achevée par Denis Leamy en force (10-3), Elissalde qui réduit l'écart juste avant la mi-temps après une pénalité obtenue suite à une chistera de Pelous pour Bouilhou (10-6), Doug Howlett qui se joue d'Heymans mais se voit refuser un essai à la video, Heymans qui illumine la finale d'une relance que Donguy conclut (13-13) et enfin le coup de poignard de Ronan O'Gara, qui replace les gars de la Red Army en tête (16-13). Quand le Munster reprend l'avantage, on est la 64e minute de la finale, tout peut encore arriver. Il ne se passera finalement rien.

Le Munster joue sur ses qualités et ne s'expose pas, misant tout sur un jeu fait de pick and go. Jean Gachassin doit s'ennuyer devant sa télévision, grinça Franck Mesnel, en commentant le match pour France Télévisions. Qu'importe le spectacle, l'efficacité fut au rendez-vous : dès lors, ce fut comme si Toulouse était face à un mur. C'était horrible. Il y avait un sentiment d'impuissance. Tu ne peux rien faire et tu sens que tu vas perdre le match, se souvient Gregory Lamboley, entré en jeu pour les vingt dernières minutes à la place de Jean Bouilhou. Guy me dit : "Surtout pas de faute'. Fabien Pelous avait pris un carton jaune qui avait coûté cher. Nous avions été trop indisciplinés.

Le titre de champion de France derrière

Mais la rigueur du troisième ligne fut vaine puisqu'en face, le Munster ne fut pas pris en faute. Je ne suis pas amer de ces dix dernières minutes de pick and go. En revanche, je le serais davantage au sujet de cette une penaltouche en fin de match sur laquelle Quinlan fait le tour et Nigel Owens ferme les yeux, resitue Bru.

Les secondes passaient, la défaite se rapprochait inexorable. Gregory Lamboley n'a rien oublié des deux dernières minutes, de l'ultime espoir envolé. Aujourd'hui, tu refais comme le Munster, il y a dix fautes… Après ce match, la règle a évolué. On récupère quand même une pénalité dans nos vingt-deux mètres à la 78e. On choisit de taper en touche pour revenir dans le camp du Munster. Derrière, on perd le ballon. A ce moment-là, c'est fini. Le Munster obtient une dernière pénalité. O'Gara ne la tente pas pour essayer de gagner du temps. Sur le ruck qui suit, Nigel Owens siffle la fin.

Fabien Pelous et Romain Millo-Chluski
Fabien Pelous et Romain Millo-Chluski

Et libère la frustration. On avait une grande équipe, une belle génération. Derrière, on est champion de France contre Clermont. On aurait pu faire le doublé, soupire Lamboley. Yannick Bru invite toutefois à analyser l'histoire autrement. Il ne nie pas la frustration mais lui trouve des vertus : Cela nous avait permis de devenir champions de France. Ce fut un mal pour un bien. Jamais une défaite, toujours une leçon : le Stade toulousain d'alors connaissait ses classiques.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?