Lakafia: "Gonzalo m’a enlevé tous ces sacs de pierre qu’on m’avait mis sur le dos"

  • Raphaël Lakafia (Stade français) - mars 2016
    Raphaël Lakafia (Stade français) - mars 2016
  • Raphaël Lakafia (Stade français)
    Raphaël Lakafia (Stade français)
  • Raphaël Lakafia (Stade français) face à Toulouse - 27 mars 2016
    Raphaël Lakafia (Stade français) face à Toulouse - 27 mars 2016
  • Raphaël Lakafia, troisième ligne du Stade français
    Raphaël Lakafia, troisième ligne du Stade français
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CHAMPIONS CUP - Arrivé au Stade français en 2014, Raphaël Lakafia (27 ans) a rapidement répondu aux attentes de Gonzalo Quesada. Devenu incontournable sous la tunique du club parisien, le troisième ligne sera l’un des joueurs à suivre face à Leicester en quart de finale de Champions Cup.

La dernière fois que nous avons sollicité Raphaël Lakafia (27 ans, 191 cm, 114 kg), c’était en janvier 2015. Avouons-le, l’ancien biarrot était alors plutôt bougon. La raison? Après seulement six mois sous le maillot de son nouveau club, le Stade français, le natif de Tours était pointé par certains comme "un flop" du recrutement. Un jugement pour le moins discutable. Lakafia souhaitait qu’on (lui) fiche la paix. Ce fut le cas. Quinze mois après cette mise au point, le troisième ligne parisien est devenu incontournable à Paris. Un joueur prépondérant dans le management de Gonzalo Quesada.

Raphaël Lakafia (Stade français)
Raphaël Lakafia (Stade français)

Raphaël, la saison dernière, vous nous confiez ne plus vous prendre la tête avec les blessures et tout ce qui peut finalement parasiter la vie d’un rugbyman…

Raphaël LAKAFIA: C’est un équilibre que j’ai trouvé dans ma vie à Paris. On n’oublie que j’ai commencé jeune. Je prenais vraiment les choses très à cœur. J’étais également affecté par les critiques. La presse n’a vraiment pas été tendre avec moi. Je prenais ça de manière très négative. Ce sont des choses qui marquent. Je n’avançais pas beaucoup. Mais j’ai tout connu: la surexposition avec beaucoup d’attente autour de moi et le fait qu’on me tourne très rapidement le dos. Du jour au lendemain, je suis passé de la lumière à l’énorme déception du rugby français. Quand on est jeune et qu’on a que le rugby au centre de sa vie, on se dit: en ce moment, je ne joue pas bien au rugby mais est-ce que ça veut dire que je suis quelqu’un de pas bien, est-ce que ça veut dire que je fais les choses mal? Au final, on doute et on oublie l’essentiel.

Du jour au lendemain, je suis passé de la lumière à l’énorme déception du rugby français

Quelle est votre relation avec Gonzalo Quesada? On sent une confiance mutuelle…

R.L: "Gonza" croit beaucoup en moi. Notre relation est forcément particulière. Quand on commençait à me tourner le dos après Biarritz, c’est vrai que lui n’a jamais eu aucun doute. Il a vraiment su me remettre en confiance. Il a vraiment su comment me prendre. Cela s’est ressenti par la suite sur ma confiance. Avant d’arriver au Stade français, Gonzalo m’a dit quelque chose de très fort, qu’il allait m’enlever tous ces sacs de pierre qu’on m’avait mis sur le dos pour me libérer. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, je suis en pleine forme.

Justement, compte-tenu de vos performances, espérez-vous retrouver le XV de France dès juin lors de la tournée en Argentine?

R.L: Ca fait plaisir d’entendre son nom cité mais pour être honnête, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de joueurs qui utilisent la presse pour justifier leur présence ou non en équipe de France. Et je n’ai pas envie de tomber là-dedans.

Raphaël Lakafia (Stade français) face à Toulouse - 27 mars 2016
Raphaël Lakafia (Stade français) face à Toulouse - 27 mars 2016

Aujourd’hui, vous considérez-vous comme un cadre au Stade français? Un joueur qui doit tirer le groupe vers le haut?

R.L: Il y a des leaders dans le vestiaire, des leaders de paroles qui vont mettre les pieds dans le plat au moment où il le faut. Mais ce n’est pas mon rôle et puis je ne suis pas à Paris depuis si longtemps. Ce n’est pas ma manière de fonctionner. J’essaye avant tout d’être irréprochable dans mon entraînement et sur le terrain. Un leader se fait aussi dans l’exemple et j’essaye de me faire violence sur le terrain quand ça devient dur.

Quand on arrive au Stade français et qu’il y a Sergio Parisse, c’est impossible de jouer 8

Au fil des saisons, vous avez réussi à être aussi performant en numéro 8 ou en flanker. C’est une bascule qui s’est opérée facilement?

R.L: Au départ, à Biarritz, quand on me disait que j’allais jouer troisième ligne aile, je le vivais comme une sanction, de manière négative. Mais aujourd’hui, sincèrement, je prends tellement de plaisir à jouer troisième ligne aile! Du coup, quand j’ai dû jouer 8 à Toulouse, j’étais là à me demander mais pourquoi? (rires). Mais qu’on me mette en 7 ou en 8, j’essaye de ne pas me prendre la tête. Après, le passage s’est fait par la force des choses. Quand on arrive au Stade français et qu’il y a Sergio Parisse, c’est impossible de jouer 8 (sourire). Et puis la concurrence en troisième ligne m’a vraiment poussé dans mes limites. C’est un peu la guerre quand même avec de supers joueurs. On n’a pas le droit de passer à côté si on veut être sur la feuille de match.

Mais justement, en quoi ce poste de numéro 7 vous procure aujourd’hui autant de plaisir?

R.L: De la 1ère à la 80e minute, on est dans le feu! C’est un poste où il faut juste donner de sa personne. Que ce soit en attaque ou en défense, il y a beaucoup plus de tâches obscures. Il y a plus de déblayages et ce n’était pas quelque chose sur lequel j’étais très sensible auparavant. J’avais l’image d’un joueur qui portait beaucoup les ballons, qui n’était pas trop présent dans le combat. Ce qui me plaît sur ce poste, c'est vraiment la notion de tout donner, d'être un petit peu à la pointe du combat. On touche un peu à tout. C'est un poste vraiment intéressant, où on se fait vraiment plaisir sur le terrain.

Raphaël Lakafia, troisième ligne du Stade français
Raphaël Lakafia, troisième ligne du Stade français

De l’extérieur, le Stade français dégage un esprit club très fort. C’est quelque chose qui peut vous permettre de réaliser une grosse performance dimanche face à Leicester?

R.L: Honnêtement, ces dernières semaines commençaient à être pesantes. Et puis, inconsciemment, on attendait ce quart de finale depuis longtemps. Cette semaine, la présence de tous les joueurs fait du bien. On retrouve le cœur de notre groupe. On va tout mettre sur le terrain de Leicester!

L'avis de Gonzalo Quesada: Quand je suis allé le chercher, il sortait d’une saison pas évidente avec Biarritz. Mais j’avais la chance de l’avoir connu en 2011 avec le XV de France. C’est un joueur que je voulais entraîner. C’est un joueur très important sur le terrain par rapport à ses performances, à son état d’esprit mais il est également très important au quotidien. Raphaël est un exemple positif d’état d’esprit, d’effort, de sacrifice. Il a énormément de mérite. C’est très important pour le groupe.

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