Maynadier: "On est plus fort que ça, il ne faut pas s'arrêter de vivre, d'aller au stade, de jouer"

  • Clément Maynadier (Bordeaux-Bègles) - Octobre 2015
    Clément Maynadier (Bordeaux-Bègles) - Octobre 2015
  • Le talonneur de Bordeaux-Bègles Clément Maynadier - Octobre 2015
    Le talonneur de Bordeaux-Bègles Clément Maynadier - Octobre 2015
Publié le Mis à jour
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ATTENTATS DE PARIS - Marqué par les événements de vendredi soir, Clément Maynadier, talonneur girondin vêtu lundi à l'entraînement d'un tee-shirt "On est tous Charlie", raconte les dernières heures au sein de l'UBB marquées par le report du match contre Clermont.

Quels souvenirs restent chez vous de ces trois derniers jours ?

Clément MAYNADIER: Vu les faits qui se sont déroulés vendredi soir, c'est la première fois en France que l'on touche à un grand événement sportif. On s'est préparé à jouer, on était prêt pour jouer... Après, le report était nécessaire aussi. Les conditions ont fait qu'il ne pouvait y avoir que le report, les joueurs l'ont bien compris, l'ont bien pris. On en a parlé entre nous, Français, étrangers, tout le monde était touché et on n'était pas dans les meilleurs dispositions pour jouer un match. C'était plutôt l'heure de penser aux familles des défunts, c'est ce qu'on a fait. Maintenant (lundi après-midi), c'est passé, il va falloir se reconcentrer sur le match qui arrive, continuer à vivre pour montrer que l'on est plus fort que tout ça. Il ne faut pas s'arrêter de vivre, s'arrêter d'aller au stade, de jouer.

Quels messages sont passés au sein de l'équipe ?

C.M.: Jandre (Marais, le capitaine) a fait un discours en anglais lors de la mise en place samedi matin avant que l'on sache que le match allait être annulé. Il nous a dit que le sport pouvait arriver à passer au dessus de tout ça, qu'il fallait qu'on le montre, que l'on soit solidaire, qu'on ait cet état d'esprit. Pour renforcer tout ça, on s'est retrouvé tous les joueurs avec familles, enfants ici à Moga (au centre d'entraînement) samedi soir, on a fait un grand repas ensemble au pied levé pour passer un moment ensemble, ne serait-ce que pour profiter les uns des autres.

On ne peut pas oublier, ça ne s'oublie pas un événement comme ça

Comment on rebondit après de tels événements?

C.M.: La suite ? On ne peut pas oublier, ça ne s'oublie pas un événement comme ça, il ne faudra pas oublier, ce serait la plus grave erreur. Il faut y penser, vivre avec, trouver une force mentale pour continuer à avancer, le groupe a les ressources pour passer au delà de ça. Mine de rien on est quand même moins touché vu qu'on est en province, mais cela ne veut pas dire que cela ne peut pas arriver chez nous. Le groupe a vite basculé sur le match d'Exeter (samedi prochain) même si ce (lundi) matin, on a fait la minute de silence et que quand on rentre chez soi, on se tient informé de l'avancée de l'enquête. Il ne faut pas oublier mais il faut continuer à vivre.

Le talonneur du Stade Français Rémi bonfils était présent sur une terrasse attaquée...

C.M.: Je connais bien Rémi, j'ai joué avec lui en France U, j'ai vu qu'il était au Carillon, je suis heureux qu'il s'en soit sorti. J'ai lu vite fait qu'il était sur la terrasse du café, qu'il a vu les balles fuser, qu'il s'est mis à courir et qu'il s'est réfugié. On est peu de chose, et mentalement cela doit être compliqué car ni le corps ni la tête ne sont prêts à vivre des événements comme ça. C'est vraiment un choc psychologique, j'espère que le Stade français et tout son entourage feront en sorte que Rémi puisse basculer dans autre chose et continuer à vivre. Mais c'est vrai que vivre de tels événements, cela doit être compliqué à gérer.

Le talonneur de Bordeaux-Bègles Clément Maynadier - Octobre 2015
Le talonneur de Bordeaux-Bègles Clément Maynadier - Octobre 2015

A l'instar des Toulousains qui ont joué samedi aux Saracens, vous auriez pu jouer ce week-end ?

C.M.: Oui, je pense. Ce qu'il y a eu sur tous les stades d'Europe, avec beaucoup de Marseillaise jouées, chantées, moi cela m'aurait galvanisé encore plus. Après, on ne sait pas car on aurait bien pu déchanter et croire qu'on était capable alors que l'on n'était pas. Je pense que j'aurais été capable mais dans les faits et le réel, peut être que non. Notre match a été reporté, ce n'est plus une question à se poser.

Cela devait être une grande fête ce match contre Clermont, la première de l'UBB dans la grande Coupe d'Europe ?

C.M.: Ouais, la fête aura lieu ce week-end, hors de nos bases, à Exeter. On la décale d'une semaine. C'est pour cela qu'il fallait reporter ce match car cela n'aurait pas été une grande fête avec ce qui s'était passé. Je préfère qu'elle le soit plus tard que jouer dans des conditions comme ça.

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