La promesse Genia commence à se faire sentir

Que Julien Dupuy, Julien Tomas voire Clément Daguin, les autres demis de mêlée parisiens, ne le prennent pas mal: les joueurs stadistes ont été frappés par la rapidité d'éjection de Genia (27 ans, 66 sélections).

Sa passe va à 10 000 à l'heure même si celle de Julien Dupuy est déjà très puissante. C'est agréable en tant qu'ouvreur et pour tout le monde autour. Il arrive ainsi à faire la différence: avec une demi-seconde pour prendre la bonne décision, c'est plus facile, déclare ainsi Jules Plisson, associé à Genia le week-end dernier à Trévise en Coupe d'Europe (victoire 50-17 de Paris), que le Stade français retrouve samedi.

Le ballon fuse. Les ballons arrivent très vite au joueur visé, abonde Jonathan Danty, qui a en conséquence dû adapter son placement. Comme je prends souvent le ballon à hauteur du 9, je ralentis un peu plus ma course. Je laisse la balle venir, j'ai juste à tendre les bras, explique le centre.

Cela tombe bien: ce sont ces qualités, vues avec les Wallabies et les Queensland Reds, qui ont poussé l'encadrement à faire le forcing pour libérer Genia de son pré-contrat signé avec Bath et rejoindre finalement le Stade français pour trois saisons.

Garder la vitesse

Il est capable d'accélérer le jeu, de coller au ballon et de garder la vitesse qu'on aime mettre, soulignait récemment Gonzalo Quesada, manager du champion de France. Genia a été à la hauteur de sa réputation à Trévise, après une première titularisation décevante une semaine plus tôt en Top 14 contre Bordeaux-Bègles (21-24), derrière un pack il est vrai beaucoup moins souverain.

J'étais un peu rouillé car je n'avais joué depuis un mois et ma blessure au genou (lors de la finale de la Coupe du monde perdue contre les All Blacks, ndlr). Et je devais apprendre les annonces et les combinaisons, surtout qu'elles sont en français, reconnaît Genia, dont le débit est presque aussi rapide que sa passe.

Mais je me sens de mieux en mieux, et l'adaptation n'est pas si difficile que ça car le Stade français, comme les Wallabies, aime avoir et déplacer le ballon, ajoute le demi de mêlée, petit gabarit (1.75m, 81 kg) que Danty trouvait un peu plus costaud à la télé. Au final il fait un peu gamin de 18 ans, s'esclaffe le massif centre. Ses 18 ans, Genia ne les avait pas atteints lorsqu'il a quitté la Papouasie-Nouvelle-Guinée, son pays natal situé au nord des côtes australiennes, pour entrer au collège à Brisbane.

Direction Brisbane à 13 ans

Il n'avait que 13 ans et quitter sa famille, qui compte en Papouasie-Nouvelle-Guinée - son père en a été le ministre des Affaires étrangères et de la Justice - a été un déchirement. Je n'arrêtais pas de pleurer chaque fois que je reprenais l'avion. Je devais me débrouiller seul avec mon frère. Puis en grandissant cela est passé et mes parents ont acheté une maison (à Brisbane) où il venaient une fois par mois, raconte Genia.

C'est à Brisbane et grâce à son frère aîné Frank, l'élément prometteur de la famille en rugby - c'est lui qui aurait dû être ici à ma place à vous parler! Il m'a tout appris - qu'il tâte pour la première fois un ballon ovale alors qu'il était auparavant plutôt branché cricket.

Je me suis rendu compte que j'étais assez talentueux, déclare-t-il. Après avoir mis ce talent au service des Reds, où il a débuté à 19 ans avant de lui offrir le Super Rugby en 2011 sur un exploit individuel, Genia compte donc désormais en faire profiter le Stade français. Où, d'après Plisson, il n'hésite pas déjà à prendre la parole, à donner des conseils sur les courses. Danty en sait quelque chose.