Goosen, un recentrage salutaire
CHAMPIONS CUP - Après avoir traîné sa peine et des pieds au printemps dernier pour sa première saison au Racing 92, mécontent de ne pas évoluer à l'ouverture, l'arrière polyvalent sud-africain Johan Goosen a changé d'état d'esprit pour exploser ces dernières semaines au poste de centre.
Avant la finale de Coupe d'Europe samedi à Lyon face aux Saracens, Johan Goosen ne s'épanche pas sur les raisons de sa métamorphose : Je pense que j'ai changé, oui. Mais la différence principale, c'est que je joue régulièrement, contrairement à l'année dernière. C'était difficile d'avoir de la régularité dans ces conditions. Mais s'il joue plus, c'est qu'il en fait davantage pour convaincre l'encadrement francilien de l'aligner. Il a mis de l'ordre dans sa vie par rapport à la première année, souligne l'entraîneur des arrières Laurent Labit.
Arrivé durant l'été 2014 en banlieue parisienne en provenance de la province sud-africaine des Cheetahs à 22 ans, Goosen (6 sélections avec les Springboks) avait le mal du pays. Ma ferme me manquait, c'était vraiment très dur au niveau de la langue. Une langue qu'il n'a rien fait pour apprendre rapidement en séchant au fil de la saison les cours de français proposés par le club. Goosen boudait, en quelque sorte. Mécontent, lui qui était présenté comme le futur ouvreur des Boks avant son départ en France, d'être souvent cantonné au banc comme doublure de Jonathan Sexton pas forcément convaincant au poste de numéro 10, et de Brice Dulin à l'arrière.
Capable d'évoluer à n'importe quel poste
Le discours a désormais changé : Maintenant, je jouerais à n'importe quel poste tant que ça apporte quelque chose à l'équipe, affirme Goosen, qui a mis provisoirement entre parenthèse ses envies d'ouverture, il faut dire confisquée par Dan Carter, dont il doit prendre à terme la succession. S'il a un peu été aligné à la charnière jusqu'à l'arrivée de Carter et Rémi Tales après la Coupe du monde, c'est comme deuxième centre que Goosen a explosé, début avril. Et il a dans la foulée prolongé jusqu'en 2020.
Ce déplacement, dicté par les nombreuses blessures (Chavancy, Laulala, Dumoulin), s'est avéré payant alors qu'il n'avait jamais évolué à ce poste, peut-être joué un tout petit peu numéro 12 quand j'étais jeune. En attaque, balle en main, ça va. En défense, c'est plus dur, je continue à apprendre. Mais quand on joue aux côtés d'Alex (Dumoulin), Joe (Rokocoko), Juan (Imhoff), Dan (Carter)... tout devient plus facile. Ils m'aident vraiment beaucoup. Joe et Juan notamment me parlent beaucoup. Joe a déjà joué numéro 13 et je lui demande énormément de conseils.
En attaque, cela va même très bien, en atteste sa prestation époustouflante contre Leicester, avec comme vis-à-vis Manu Tuilagi, le 10 avril en demi-finale de la Coupe d'Europe (victoire 19-16).
Un phénomène
Goosen (1,84 m pour 89 kg) a des qualités différentes du puissant centre anglais de part son jeu au pied mais surtout une énergie incroyable, une facilité, une capacité à jouer un rugby incroyable, dixit Labit. Il s'engage énormément, il a une vitesse redoutable. Qu'il soit arrière, centre ou 10. C'est un joueur excitant à entraîner : quand tu le vois... en début de semaine, il est pareil (qu'en match), tu es obligé de le freiner, ajoutait le technicien après la qualification en finale.
Même louanges de la part de l'entraîneur adjoint Ronan O'Gara : Il m'enthousiasme vraiment. C'est un grand plaisir d'entraîner un joueur comme lui, c'est un phénomène. Chaque jour, il est prêt pour s'entraîner, en donnant 100%, avec une attitude parfaite.
Il a le niveau que j'attends des joueurs pour porter les couleurs du Racing, ajoute l'ancien international irlandais. Ce n'est pas une critique du passé mais il n'y avait pas assez de joueurs au niveau. Peut-être pour terminer 6e, 8e. Le nouveau Racing, c'est pour gagner. A commencer par la finale de samedi contre les Saracens, et peu importe où sera aligné Goosen.
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