Marti: "On ne calculera pas, on fera tout à fond"

L'UBB va découvrir la grande Coupe d'Europe. Vous y pensiez il y a quatre ans au moment de monter en Top 14 ?

Laurent MARTI : Je ne peux pas dire que je n'y pensais pas car on n'a jamais caché qu'on était très ambitieux. Mais malgré nos ambitions, le chemin qui nous reste à parcourir est encore très long. C'était pareil pour la Champions Cup, car à l'époque, on était tellement content d'être en Top 14 et tellement inquiet de savoir comment on allait y rester, qu'on n'y pensait pas tout simplement. Y être aujourd'hui, c'est génial, cela me ramène à ce match de barrage gagné à Worcester (contre Gloucester 23-22 avec un drop de Pierre Bernard après la sirène) qui a été un moment de joie assez intériorisée en ce qui me concerne, mais hyper importante et hyper forte car tout d'un coup, tu te dis que tu rentres un peu dans la cour des grands. Plus l'échéance approche, plus tu commences à mesurer toute l'excitation qu'il y a autour, le fait qu'il va y avoir du monde au stade, que c'est un match que Clermont veut absolument gagner car ils ont de grande ambitions en Champions Cup. La semaine va être hyper excitante.

Votre club est-il en train de changer de dimension ?

L. M. : Oui et on va le mesurer ce dimanche-là. Jusqu'à présent, on est avant une grande fête que tu attends mais tant que tu n'y es pas, tu ne réalises pas bien. Cela va être un grand moment et ça fait plaisir pour des joueurs qui sont là depuis longtemps, qui vont pouvoir vivre cet événement, pour certains qui ont même connu la Pro D2. C'est une première récompense de tous les efforts.

Vous aviez été déçu au moment du tirage au sort (Clermont, Exeter, Ospreys), vous l'êtes encore ?

L. M. : Oui c'est toujours le cas, à part Clermont. Souvent on a un club français donc tomber contre Clermont, c'est génial. Mais ce qui est frustrant dans ce tirage, c'est que les Ospreys et Exeter sont deux très bons clubs, de très bonnes équipes et pourtant pas connus du grand public. Dès lors, on sait que ça va être aussi dur que face au Leinster ou au Munster mais sans le côté grandiose de l'affiche. C'est dommage, on aurait eu encore plus l'impression d'être en Champions Cup.

On va être à la fois hyper content car on va essayer de se qualifier mais on sait très bien que ça va nous mettre en danger par rapport au Top 14

Qu'est ce que vous pouvez ambitionner pour cette première Coupe d'Europe avec l'UBB ?

L. M. : Si on gagne dimanche, on se met sur une lancée d'une qualification possible, si on perd ce sera difficile. C'est là que cela va être un grand piège pour nous car on ne peut pas dire à un staff, à des joueurs et à un public que tu ne joues pas la Champions Cup à fond, ce n'est pas possible surtout si tu gagnes le premier match. Pour autant, on sait bien qu'on a un championnat difficile à gérer et que la Champions Cup, ce n'est pas la Challenge Cup, c'est complètement différent en terme d'intensité et de mobilisation de tes meilleurs joueurs. On va être à la fois hyper content car on va essayer de se qualifier mais on sait très bien que ça va nous mettre en danger par rapport au Top 14. Tant pis, on ne calculera pas, on fera tout à fond et on verra bien.

Vous n'avez rien à envier aux Ospreys et à Exeter ?

L. M. : Je pense qu'ils sont un petit peu au dessus de nous. Ces équipes anglo-saxonnes ont cet avantage d'être terriblement organisées, terriblement rigoureuses, tout en pratiquant un rugby intéressant sur le plan offensif et elles ont l'expérience de la Champions Cup que l'on n'a pas encore. Même Exeter l'a jouée il y a deux ans. Mais c'est ça qui est excitant et je suis persuadé que cela va faire progresser les joueurs.

Dans le jeu de l'UBB, il n'y a pas grand chose qui a changé

Au niveau du jeu produit actuellement par l'UBB, en verra-t-on un peu plus en Coupe d'Europe sachant qu'il y a moins de pression qu'en Top 14 ?

L. M. : Il n'y a pas du tout la même pression. Quand tu veux jouer au rugby, il ne faut pas oublier que si l'équipe adverse est là pour fermer le jeu, serrer, ralentir et se concentrer sur la défense, tu joues moins bien quand même, à moins que tu t’appelles les All Blacks et que tu passes par dessus tous les systèmes. Les All Blacks, il n'y a qu'une équipe dans le monde. Clermont, à la base, est une équipe qui veut jouer, la Champions Cup amène à plus de jeu de manière naturelle donc on peut espérer en effet qu'il y ait moins cette pression malsaine qui te ramène vers le bas et qu'on voit plus de jeu. Mais quand même, pour rebondir sur votre question, je trouve sévère de dire que l'UBB ne joue plus. Qu'on parle du match d'Agen qui a été un récital offensif et Agen a prouvé depuis qu'il n'était pas si facile à manipuler que ça. A Agen, cela été une fantastique réussite sauf dans la finition sinon l'Union repartait avec plus de 40 points. Depuis on a joué des équipes très denses, difficiles à manœuvrer et il y a eu cette deuxième mi-temps de la Rochelle où on est, c'est vrai, passé à côté. Pour autant, dans le jeu de l'UBB, si tant est qu'il ait été si beau qu'on veut bien le croire parce que je continue à dire qu'on a fait illusion contre Clermont (51-21) et Castres (59-7) la saison dernière et qu'on a eu après des matches très pénibles où il n'y avait pas toujours de spectacle. Il n'y a pas grand chose qui a changé.