Gloucester brise le rêve rochelais

Cruel. Terrible. Frustrant. Les qualificatifs manquent pour évoquer la défaite de La Rochelle face à Gloucester (14-16). Évoluant pourtant devant leur public, qui a offert une véritable ambiance de gala​ durant 80 minutes​, les Maritimes n’ont jamais réussi à dépasser l’enjeu de cette première demi-finale de leur histoire. Loin de leur flamboyance habituelle, ils ont multiplié les petites erreurs, les approximations. Et ont laissé onze points en route. Portés par des joueurs expérimentés comme Jonny May, Ben Morgan ou Greig Laidlaw, les Anglais n’ont pas eu besoin de plus pour briser les rêves européens du leader du Top 14.

La bouteille, l’habitude de ces grands rendez-vous, c’est précisément ce qui a manqué aux Rochelais. En l’absence des tauliers Victor Vito et Zack Holmes, on pensait que la charnière de vétérans Ricky Januarie - Brock James, 70 ans à eux deux, apporterait ce vécu. Ce ne fut pas le cas. Le demi de mêlée sud-africain a régulièrement tenté de canaliser le rythme de la partie, accélérant pour réveiller ses partenaires ou au contraire temporisant dans les moments difficiles. Mais il a globalement manqué d’impact et a été remplacé au début de la seconde période.

Et que dire du cauchemar vécu par Brock James ? Pas toujours à l’aise dans son jeu d’occupation, l’ancien Clermontois a connu une fin de match infernale. Il y a d’abord cette passe interceptée par Billy Burns qui va inscrire l’essai de la gagne 90 mètres plus loin (6-16e). Et, surtout, ce cruel manque de réussite face aux perches. Deux pénalités, un drop et une transformation manqués dans le money time. Onze points perdus, alors que seulement trois auraient envoyé La Rochelle au paradis…

Botia n’a pas suffi

Dès la fin du premier acte, on savait que cette rencontre se jouerait à des détails, comme certaines décisions tendancieuses de M. Brace. Tétanisés par l’événement, bousculés et privés de ballons par des Anglais qui abusaient de cette fébrilité, les Maritimes pouvaient s’estimer heureux de rentrer aux vestiaires sur un score de parité (6-6). Et leurs meilleures dispositions après la pause n’auront pas suffi.

Pas plus que la prestation XXL de Levani Botia, qui a littéralement survolé cette rencontre. À la charge, au plaquage, au grattage, à la libération… L’habituel centre, replacé en troisième ligne, était tout simplement partout et a reçu une standing ovation amplement méritée. Mentions spéciales également aux ailiers Gabriel Lacroix et Arthur Retière, qui ont fait parler leurs cannes de feu ou encore à l’arrière Kini Murimuivalu, l’un des rares cadres à évoluer à son niveau.

Kévin Gourdon et Uini Atonio, eux, n’ont pas eu leur rayonnement habituel. La faute en grande partie aux joueurs de Gloucester, qui avaient particulièrement ciblé les deux internationaux et ne leur auront jamais laissé les moyens de s’exprimer. Au contraire, les tauliers anglais ont amplement contribué au succès de leur équipe. De l’ailier Jonny May, intenable en début de partie pour maintenir les Rochelais sous pression, au numéro 8 Ben Morgan qui a amplement limité la domination maritime en mêlée.

La paire de centres Atkinson - Trinder, epaulée ensuite par Twelvetrees, aura aussi beaucoup gêné les hommes de Patrice Collazo. Le Stade français et Bath, potentiels adversaires de Gloucester en finale, sont prévenus. Le huitième de Premiership est un sérieux candidat au titre. D’autant que, d‘ici là, sa star Greig Laidlaw sera pleinement remise de sa blessure qui l’avait fait débuter cette demi-finale sur le banc…