La chronique de H. Broncan

Par Rugbyrama
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Retrouvez chaque mercredi "Les pas perdus d'un coach", la chronique d'Henry Broncan, l'entraîneur du FC Auch-Gers.

Jeudi 22 Février.-

"Un grand soleil d'hiver éclaire la colline"et j'ai rendez-vous avec mon Géant ; il est là sur le mamelon, depuis plus de mille ans, d'après les paysans de St Elix ; les premières fois que je l'ai approché, c'était dans les années 50 : ma grand-mère très croyante me conduisait aux processions jusqu'à la chapelle Ste Eutrope, patronne des "estropiés" ; j'étais plutôt du genre mécréant lors de la cérémonie et nous poussions les filles dans les fossés du chemin de crête ; j'en ai été bien puni : je "claudique" depuis plus de 30 ans !

Ce chêne aurait pu partir meuble de haut rang dans la grande salle d'un de nos plus beaux châteaux royaux : lustré, antiqué, épousseté, ciré... étincelant

Il a préféré rester là, essuyant tempêtes et orages, supportant canicules et sécheresses.

Ici le touriste s'extasie vers le Sud, devant la chaîne des Pyrénées, superbe, il est vrai ; nous les Gersois, nous nous tournons vers notre pays, nous regardons les coteaux et les vallées des Baïse ; paysages changeant au gré des heures, des saisons et du temps ; le plus beau pays du monde... en partant, je me surprends à fredonner de cette voix de fausset qui désespère, d'abord, exaspère, ensuite mes proches : "auprès de mon arbre, je vivais heureux ; je n'aurais jamais dû le quitter des yeux !"

Vendredi 23 Février.-

Inquiétudes sur la participation de S. ST. L., le "cueilleur de cerises" comme l'appelait un ami défunt, est avec moi depuis 2000 à Auch après s'être formé au sein du Lombez Samatan Club. Ne le dites pas aux sergents recruteurs : c'est mon meilleur élément ; j'ai l'habitude de dire qu'il y a trois sortes de joueurs : ceux que vous maintenez à bout de bras, ceux que vous accompagnez, enfin ceux qui vous entraînent "entraîneur - entraîné" ! Stef fait partie de ceux-là ; nous n'avons connu qu'un seul accrochage : un soir, il a voulu remplacer en mêlée, un joueur seconde ligne ; j'ai crié : "Non ! tu vas te faire mal !" ; il a quitté l'entraînement. Depuis je ne lui dis plus rien et de son côté il ne se place plus à ce poste.

Samedi 24 Février.-

Plutôt que d'assister au match Irlande - Angleterre, je pars à Colomiers voir le LOU que nous allons affronter bientôt, le Stade Michel Bendichou sonne creux et c'est la morosité dans les tribunes ; sur le terrain, devant des Lyonnais parfaitement organisés - la patte de Lanta - les Columérins, malgré leur courage, reculent : le 9 se blesse, le 10 se fait contrer, l'arbitre ne leur fait aucun cadeau...Terrible sport où l'équipe, en proie au doute, donne l'impression de ne plus savoir jouer...

J'ai vu, depuis Lombez, la montée de Colomiers ; je me souviens de leur équipe en Honneur avec Bendichou au talonnage, Julien en pilier, Guibert à l'aile... quand ils sont arrivés à notre niveau, je me rappelle des derbies sans aménités : lors d'une rencontre en Coupe de France, j'avais remis en scène un seconde ligne vétéran de plus de 40 ans : D.P., un italien de Poucharramet pour leur chatouiller les oreilles ! Michel Bendichou, avec ses amis, mais aussi avec la classe de Fabien et de Jean Luc, nous a dépassés pour s'installer dans le gotha du Rugby français et même européen... aujourd'hui c'est le temps des vaches maigres mais la Colombe reprendra son Envol.

Dimanche 25 Février.-

La Rochelle est là, la bête noire du FCAG : un club qui nous ressemble avec un président emblématique et un entraîneur aux yeux brûlants de passion... match très âpre, sous la pluie et quelques giboulées de Mars... nos supporters ont peur pendant plus d'une mi-temps : N. B. nous délivre par un contre sur l'ouvreur visiteur dont c'est pourtant l'anniversaire... à 18 heures, je prends un dernier conseil : je resterai auprès de mon arbre !

Lundi 26 Février.-

G.B. et son fils R. viendront à Toulon avec nous, vendredi. G.B. a joué au FCAG dans les temps forts de l'époque Brunel : centre, ouvreur, neuf... troisième ligne ; il était un des symboles de cette grande équipe qui faisait plier régulièrement le Stade Toulousain ; par la suite, il est resté près de moi pour entraîner avec bonheur : il était de l'encadrement de la I pour le titre D2 en 2004 ainsi que de l'aventure en TOP 16 ; un soir de juin 2005, sur un des bancs de pierre en bordure du Gers, je lui ai annoncé qu'il ne serait plus mon co-entraîneur pour la saison suivante... je n'avais pas réussi à dormir dans la nuit précédent notre rendez-vous... je n'ai pas trouvé le sommeil la nuit suivante : je revois encore ses yeux interloqués ; c'est dur d'être manager !

Son fils R. est un surdoué : deux ans d'avance au lycée et toujours premier, dans ma carrière d'enseignant, je n'ai jamais rencontré un élève d'un tel niveau : du talent et du travail. Une anecdote : à chaque récréation, il remettait en ordre les notes de mon cours d'Histoire qu'il devait juger trop confus et j'étais obligé de le surveiller. Or la récréation, pour moi, c'était le plaisir de discuter avec mes collègues : politique, sport, chasse et pêche... physique de la dernière prof de dessin ! Au bout d'un trimestre, j'en ai eu assez du zèle de mon élève et je lui ai dis que j'avais besoin de la récréation et qu'il finisse son travail chez lui... il m'a regardé interloqué ; c'est dur d'être professeur !

PS : Beaucoup de politiques dans les tribunes du Stade de France ; Ségolène remonte dans les sondages et Sarkozy se fait siffler à St Denis !

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