Le offload, ce plus maîtrisé qui a fait vaciller l’Angleterre
Longtemps poussé dans ses derniers retranchements, le XV de la Rose a dû attendre les dernières minutes pour empocher le "Crunch" (16-12). Les hommes d’Eddie Jones ont été gênés par le jeu debout des Français et leur capacité à faire vivre le ballon dans la défense.
Élu homme du Crunch, Louis Picamoles s’est agacé en zone mixte de devoir analyser une troisième défaite encourageante d’affilée, lui qui aimerait désormais disserter sur des victoires encourageantes. Que l’ancien Toulousain s’accroche, c’est en jouant comme cela que lui et ses partenaires ont les meilleures chances d’en obtenir.
Picamoles, roi du offload
Car il n’aura pas manqué de relever que son jeu, comme celui de l’équipe de France, s’est bonifié depuis la prise de fonction de Guy Novès. Le basique et prévisible choc frontal a laissé place à une volonté permanente de faire vivre le ballon et de refuser de l’enterrer avec lui au sol en cherchant un partenaire dans sa chute, souvent à une main.
Résultat, "King Louis" a obtenu le meilleur total avec quatre offloads qui ont toujours mis les Bleus dans l’avancée. Novès ne lui a pas appris à exécuter ce geste mais il lui a sûrement demandé de l’oser plus en équipe de France. Une évolution qui lui a fait franchir un palier dans la hiérarchie des meilleurs numéro 8 mondiaux.
L’essai français vient de 2 offloads de Gourdon
Picamoles n’est pas le seul tricolore à avoir adopté cette philosophie du offload. Dès la quatrième minute de jeu, après une relance partie des 22 mètres français, Virimi Vakatawa a donné le ton avec une passe à une main pour Noa Nakaitaci qui a mis en péril la défense anglaise. Ses partenaires lui ont emboîté le pas puisque pas moins de neuf des quinze titulaires ont tenté au moins une fois ce geste périlleux mais potentiellement dévastateur : On était à deux doigts de faire quelque chose ici, soupirait Gael Fickou à la fin du match. Eux (les Anglais, ndlr) avec rien, ils mettent des points. Nous, on a manqué de précision, de finition. On a fait de beaux mouvements. On monte crescendo, j'espère que la prochaine fois, ce sera bon mais on a quand même fait un très bon match ici.
Gael Fickou mis à part, tous les autres trois-quarts ont effectué deux offloads chacun, à l’image de celui de Rémi Lamerat en bout de ligne pour Nakaitaci lors d’un contre rondement mené qui a juste pêché dans la finition (29e). Côté avants, outre Picamoles, Kévin Gourdon s’est aussi illustré dans l’exercice. C’est le Rochelais qui a mis le XV de France sur les rails à l’heure de jeu avec une première passe après contact, suivi d’une deuxième, dans la continuité de l’action, décisive pour Rabah Slimani.
Comme Picamoles, Gourdon semble avoir pour consigne de se lâcher, d’oser et cela lui convient parfaitement. Si bien qu’il aurait également pu prétendre au titre d’homme du match. Guy Novès regrettait durant la semaine du "Crunch" les ballons tombés à l’entraînement. Le offload est après tout un des gestes les plus techniques et les plus risqués du rugby. Samedi, des choses restaient à améliorer mais la philosophie de mouvement permanent qu’il tente d’inculquer depuis un an semble bien intégrée par l’ensemble.
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?