"Talent brut" et fan de poésie, Itoje est la nouvelle sensation anglaise

Par Rugbyrama
  • Maro Itoje, le deuxième ligne de l'Angleterre
    Maro Itoje, le deuxième ligne de l'Angleterre
  • Maro Itoje dévie un ballon en touche
    Maro Itoje dévie un ballon en touche
  • Maro Itoje (Angleterre) face au pays de Galles
    Maro Itoje (Angleterre) face au pays de Galles
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TOURNOI DES 6 NATIONS - Joueur au potentiel énorme et passionné de poésie, le deuxième ligne Maro Itoje est l'un des Anglais les plus en vue cette année. Portrait.

L'avenir du rugby anglais est depuis longtemps incarné par Maro Itoje, deuxième ligne de 21 ans précieusement couvé et dont les qualités athlétiques et techniques hors du commun s'accompagnent d'une tête bien faite. Rares sont ceux qui, promis dès leur plus jeune âge à un futur brillant, s'imposent effectivement en haut de l'affiche. En crevant l'écran samedi dernier lors de la victoire face au pays de Galles (25-21), Maro Itoje semble déjà franchir le cap de la confirmation.

A son crédit, une activité débordante, deux ballons volés en touche, un grattage décisif dans ses 22 m et surtout une inspiration pour battre à lui seul deux défenseurs et servir sur un plateau le premier essai anglais. De quoi s'offrir la distinction d'homme du match. Pas mal pour une troisième sélection. Et c'est donc sans surprise que le jeune colosse (1,93 m, 110 kg) a été retenu pour débuter samedi en France, alors que le XV de la Rose lorgne son premier Grand Chelem depuis 2003. J'ai toujours pensé qu'il avait un talent brut, admet son sélectionneur Eddie Jones. Il y avait quelques caractéristiques de son jeu qu'il devait remodeler pour devenir international et il a travaillé dessus pour percer.

Maro Itoje dévie un ballon en touche
Maro Itoje dévie un ballon en touche

Enfant chéri

Tant qu'il conserve son appétit et ne se voit pas trop beau, il deviendra un joueur merveilleux, assure encore Jones, qui essaye tant bien que mal de préserver de l'attention médiatique la nouvelle coqueluche du rugby anglais. Il faut dire qu'Itoje a tout pour devenir l'enfant chéri d'une nation humiliée par sa sortie de route en phase de poule de "sa" Coupe du monde. Cet enfant de Camden, un quartier de Londres, né de parents nigérians, double son incroyable potentiel athlétique d'un cerveau bien plein.

Son père Efe, enseignant pour des jeunes en difficulté d'apprentissage, ne lui avait de toutes façons pas laissé le choix. Je lui ai dit qu'il devait prendre une décision: s'il voulait jouer au rugby, pas de problème, mais si ses notes chutaient, je lui déclarerais la guerre, a-t-il assuré dans la presse anglaise. "On appartient à une minorité ethnique donc pour obtenir ce que l'on veut, il faut se battre deux fois plus, a-t-il développé dans la même interview au Mail on Sunday. On a appris à nos enfants la nécessité d'être les meilleurs et Maro a réussi sur ce front.

Entre un frère, Jeremy, étudiant en commerce à la prestigieuse université Loughborough, une petite soeur Isabel en voie d'intégrer le Parlement de la jeunesse britannique, Maro ne dépareille pas puisqu'il fréquente les bancs de la très cotée Ecole des études africaines et orientales, spécialisé en politique.

Maro Itoje (Angleterre) face au pays de Galles
Maro Itoje (Angleterre) face au pays de Galles

L'intelligence de la rue

Une voie qu'il s'était lui-même tracée en décrochant une bourse pour intégrer à l'âge de 12 ans la célèbre Harrow School, une école privée du nord-ouest de Londres. Sur son temps libre, le jeune homme a aussi confessé un goût certain pour la poésie. On m'a fait passer pour une sorte de William Shakespeare mais évidemment que non, s'est-il récemment amusé. C'est juste un petit passe-temps et malheureusement j'ai dû le mettre un peu de côté ces derniers temps.

Capitaine de l'équipe des moins de 20 ans championne du monde en 2014, pouponné aux Saracens où il s'est taillé une place, Itoje est effectivement très sollicité. Et doit se concentrer sur le ballon ovale. Ce n'est pas parce que vous avez une intelligence académique que vous avez celle de la rue. Et pour durer dans le rugby, il faut avoir l'intelligence de la rue, lance ainsi Eddie Jones. Un peu de muscle, un peu de vice aussi doivent accompagner l'ascension d'Itoje. Un jour vient le temps, où un garçon doit se muer en homme, dit Itoje dans un de ses poèmes, avant de conclure sagement. Un jour vient le temps, où l'on doit prendre le temps.

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