Pour que le XV de France survive, c'est tout le rugby français qui doit se repenser

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XV DE FRANCE - Une nouvelle fois, les résultats du XV de France ne sont pas brillants. Le Tournoi des 6 nations 2016 est là pour le rappeler. Mais à qui la faute ? Les critiques fusent mais aucune solution n'est apportée. C’est toute la politique du rugby dans l’Hexagone qui doit être revue. Et au plus vite.

Le rugby français va mal. La 5e place lors du Tournoi des 6 nations 2016 est venue le rappeler. Bien sûr, Guy Novès a repris une équipe en ruine, détruite après l’humiliation infligée par les All Blacks lors du dernier Mondial. Le nouveau sélectionneur a besoin de temps et il ne cesse de le répéter. Mais les maux du XV de France, et plus généralement du rugby français, ne sont pas nouveaux. Ils datent même.

Guy Novès croit au potentiel du XV de France - 19 mars 2016
Guy Novès croit au potentiel du XV de France - 19 mars 2016

La dernière victoire du XV de France dans le Tournoi remonte à 2010. En soit, ce n’est pas une éternité. Mais depuis, un déclin saisissant est observé. Hormis une deuxième place en 2011, les Bleus n’ont jamais figuré sur le podium de la compétition depuis. Avec une piteuse sixième et dernière place en 2013. Evidemment, on peut toujours mettre en avant cette finale de Coupe du monde en 2011. Il faut plutôt y voir l’arbre qui cache la forêt. La France a été la première nation à se hisser en quart de finale avec 2 défaites en poules et elle a eu la chance de battre le pays de Galles en demie en jouant une heure à 15 contre 14. Depuis ? Plus rien. Rares sont les succès probants. Légion les déceptions.

Un manque de talent(s) significatif

Comment expliquer alors un tel trou noir ? Il faut peut-être se mettre en tête que l’actuelle génération est moins performante. Je ne remets pas en cause le "talent" brut des joueurs français. Mais force est de constater que très peu peuvent se targuer d’être les meilleurs à l’échelle mondiale à leur poste respectif. Essayons un instant de définir un Top 5 poste par poste. Rares seront les Français cités. Guirado serait peut-être le seul, à l’heure actuelle, au talonnage (avec B. Du Plessis, Creevy, Moore et Coles).

Guilhem Guirado, le talonneur et capitaine du XV de France - Mars 2016
Guilhem Guirado, le talonneur et capitaine du XV de France - Mars 2016

Pour Jean-Frédéric Dubois, l’entraîneur des arrières du XV de France, les joueurs doivent travailler plus. Mettant en avant la répétition des gestes basiques comme la passe. Il faut que les gars comprennent qu’il y a encore plus de boulot à faire, des petits extras après les entraînements. Rien d’étonnant non plus de voir le staff du XV de France aller de club en club pour pointer ces manques. Le déchet technique s’avère trop criant ces dernières années, surtout au regard de ce que produisent les autres nations. On crie au génie sur certaines actions qui paraissent banales pour un Néo-Zélandais.

La formation : le sujet épineux

La passe, c’est la base du rugby. Et en pointant du doigt ce déficit de technique, c’est toute la formation française qui est ciblée. Des techniciens expérimentés, aux formateurs, en passant par les éducateurs bénévoles. Ne serait-ce pas le moment, via la FFR, d’une remise en question totale dans ce domaine ? C’est sûr, le problème est épineux, urticant, sensible... Le rugby n’est plus le même sport qu’il y a 15 ans. Mais quand on le dit, on est mal vu. Des propos signés Patrick Wolff, qui a décidé de prendre ses distances en démissionnant de la LNR. Difficile de lui donner tort.

Nous avons reçu plusieurs courriers de la part de parents "catastrophés" par ce qu’ils voient sur les terrains. L’aspect physique prime, au contraire du jeu. Les clubs veulent à tout prix des éléments puissants pour "gagner, gagner et encore gagner". Les différences de morphologie peuvent s’avérer colossales quand on a 8, 10 ou 12 ans. "Dans une équipe, il y avait un enfant qui rendait 30 kilos à tout le monde. Dès qu’il avait le ballon, il partait tout seul, n’était pas arrêté parce que les adversaires étaient bien plus petits que lui et marquait sans avoir fait la moindre passe. C’est ça le rugby ? Cela va plutôt dégoûter des mômes", nous écrivait dernièrement un parent.

La formation en France, sujet épineux
La formation en France, sujet épineux

L’exemple néo-zélandais

Ne faudrait-il pas s’inspirer de ce qui se fait ailleurs ? En Nouvelle-Zélande, par exemple. On n'y fait pas jouer les enfants par catégorie d’âge mais en fonction de leur poids. Pour des raisons de sécurité, certes. Mais aussi pour favoriser la technique individuelle. En effet, face à des éléments du même gabarit, il est moins évident de faire la différence uniquement sur la puissance. Peut-être une des explications à une qualité technique supérieure à ce qu’on peut voir en France. Lors du Mondial en 2011, Jean-Claude Skrela (DTN) et Marc Lièvremont (sélectionneur) avaient été bluffés par la gestuelle et la justesse des courses des gamins.

Tout n’est pas à jeter, loin s’en faut. Prenons par exemple l’équipe de France U20. Depuis 2011, elle a terminé 5 fois dans les deux premières places (avec un Grand Chelem en 2014) du Tournoi. Preuve que le potentiel est là et notre formation pas si obsolète. Mais ensuite, il faut l’exploiter. Et ça, c’est plus compliqué. Qui a émergé parmi les Bleuets au plus haut niveau ces 2 dernières années ? Jedrasiak et Camara ont porté le maillot de la grande équipe de France. Et après ? Le désert.

Le deuxième ligne Paul Jedrasiak (XV de France) - 5 février 2016
Le deuxième ligne Paul Jedrasiak (XV de France) - 5 février 2016

Le Top 14 en partie responsable

Bien des regards vont se tourner sur le Top 14. Il n’est pas l'unique responsable du déclin du XV de France. C’est une certitude. Mais il en est en partie. En poursuivant sur l’idée de la formation, combien de jeunes français peuvent rapidement jouer en équipe première ? Sekou Macalou et Judicaël Cancoriet, deux éléments des plus prometteurs passés par les U20 l’an passé, ont intégré des clubs de Top 14 cette saison. 8 feuilles de match pour le premier nommé, 3 pour le second (97 minutes de jeu !). Famélique. Difficile donc de poursuivre son élan et sa progression. Deux cas parmi tant d’autres. Et tout cela, au détriment du XV de France.

Le Top 14 est un business. Autoproclamé "meilleur championnat du monde", la moindre défaite peut se payer cash. Les présidents de club se lancent à la course à l’armement et préfèrent engager un étranger "prêt" tout de suite qu’un jeune Français qui a encore besoin de faire ses gammes. Cela se comprend : les clubs sont gérés comme des entreprises. Le système le permet. Mais il y a forcément des conséquences. Et clairement, c’est l’équipe nationale qui en prend un coup.

Dan Carter (Racing)
Dan Carter (Racing)

Aujourd’hui, les clubs vont même jusqu’à prendre des éléments étrangers de seconde zone en tant que joker médical. Au détriment du jeune du centre de formation qui piaffe d’impatience mais qui doit ronger son frein. Et pour couronner le tout, voici que le règle du JIFF est contournée : on va chercher des jeunes joueurs hors de l’Hexagone et les former afin qu’ils soient comptabilisés en tant que JIFF. On ne reviendra pas sur le calendrier et ses absurdités. Ni sur le fait que les internationaux ne sont pas sous contrat avec la Fédération (ce qui pourrait régler bien des soucis). Mais il est urgent que les choses bougent. Pour le bien du XV de France. La vitrine du rugby français, faut-il le rappeler...

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