A six mois du Mondial, la France et l'Angleterre sont encore en chantier

Par Rugbyrama
  • Chris Robshaw (Angleterre) et Thierry Dusautoir (France)
    Chris Robshaw (Angleterre) et Thierry Dusautoir (France)
  • Jonathan Joseph (Angleterre) face au pays de Galles - 6 février 2015
    Jonathan Joseph (Angleterre) face au pays de Galles - 6 février 2015
  • Yoann Maestri lors du match Italie-France.
    Yoann Maestri lors du match Italie-France.
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L'Angleterre et la France, qui s'affrontent samedi à Twickenham en clôture du Tournoi des six nations, construisent depuis trois ans leur destin après être reparties de zéro ou presque, mais peinent encore à trouver des certitudes à six mois du Mondial.

Trois années de construction

Du quart de finale du Mondial néo-zélandais entre les deux équipes remporté par la France (19-12), il ne reste plus grand-monde pour en témoigner. Seulement cinq survivants du XV de la Rose ont foulé la pelouse de Twickenham samedi dernier contre l'Ecosse (B. Youngs, James Haskell, Dan Cole, Richard Wigglesworth, Dylan Hartley) tandis que trois Bleus étaient à Rome dimanche contre l'Italie (Thierry Dusautoir, Maxime Mermoz, Nicolas Mas). Du passé il faut donc faire table rase et la charge a été confiée à de nouveaux encadrements inexpérimentés à ce niveau, avec Stuart Lancaster à la manoeuvre côté anglais, et Philippe Saint-André pour les Français.

Depuis, chacun s'est appuyé sur deux organisations complètement différentes, dixit Saint-André. En Angleterre, l'équipe nationale est la priorité depuis 6-7 ans, témoigne-t-il. En France, le Top 14 est la plus grosse économie du rugby mondial et sollicite donc plus durement les internationaux. Ainsi, les Anglais ont un groupe de 17-18 joueurs qui depuis mi-janvier ne sont là que pour le Tournoi des Six Nations, souligne Saint-André, tandis que les Français ont fait des allers-retours avec leurs clubs.

Le jeu et les hommes sur des sables mouvants

Dès le Tournoi 2012, Stuart Lancaster a plongé des jeunes dans le grand bain, comme l'ouvreur Owen Farrell ou le numéro huit Ben Morgan et a confié le capitanat à un quasi novice, Chris Robshaw. Saint-André a de son côté attendu la Tournée de juin en Argentine pour effectuer vraiment la bascule, avec Wesley Fofana, Yoann Maestri ou encore Brice Dulin en figures de proue.

Jonathan Joseph (Angleterre) face au pays de Galles - 6 février 2015
Jonathan Joseph (Angleterre) face au pays de Galles - 6 février 2015

C'est le XV de France qui tâtonne le plus encore puisque de nombreux postes ou associations sont encore en jachère (charnière, centres, numéro huit, pilier gauche et pilier droit) alors que 82 joueurs ont été testés. Côté anglais, Lancaster a donné sa chance à 67 joueurs mais a davantage de certitudes. Si ce Tournoi a vu de nouveaux talents émerger (Watson, Joseph) et d'autres s'installer (Ford à l'ouverture), c'est d'abord en raison d'une avalanche de blessures. Cela a surtout souligné la profondeur de son réservoir national, quand la France est allée piocher en Top 14 des joueurs d'origine étrangère.

Les deux équipes cherchent aussi une identité de jeu. La France paraît en retard, rongée par ses inhibitions, notamment en attaque. Les entraîneurs l'assurent, le principal obstacle est mental, même si d'importantes carences techniques sont apparues face aux équipes de l'hémisphère sud. Mais le XV de France, déjà doté d'une défense solide, a récemment stabilisé sa conquête et son pack devrait rivaliser en puissance avec l'Angleterre. Le XV de la Rose, lui aussi, est en recherche d'efficacité offensive. Lancaster notait lundi que ses hommes avaient franchi douze fois la défense écossaise mais n'avaient marqué que trois fois.

Le titre manquant

Dans leur marche en avant, France et Angleterre cherchent encore des performances collectives abouties et régulières. Le XV de la Rose avait créé l'exploit en battant les All Blacks en décembre 2012 (38-21) mais n'a jamais confirmé, s'inclinant trois fois en Nouvelle-Zélande en juin dernier, comme la France en 2013. Les Bleus ont, eux, battus deux fois l'Australie en France (30-6 en 2012 et 26-24 en 2014), des performances sans lendemain.

Ni la nouvelle garde anglaise, ni son homologue française n'a pour l'instant remporté le Tournoi. Il faut remonter au Grand Chelem 2010 pour les Bleus, et à l'édition 2011 pour le XV de la Rose. C'est surement à l'heure actuelle ce qui fait le plus défaut au cheminement psychologique des deux puissances qui se sont inclinées à Dublin cette année (18-11 pour la France, 19-9 pour les Anglais) sans donner l'impression de pouvoir infléchir la situation. Leur opposition samedi à Twickenham prend donc ainsi un relief particulier. Elle pourrait offrir ce sacre tant attendu par l'Angleterre à six mois de "son" Mondial où la pression sera énorme sur les épaules de cette génération. Ou libérer enfin les ambitions françaises.

Yoann Maestri lors du match Italie-France.
Yoann Maestri lors du match Italie-France.
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