Thomas: "Je n'ai encore rien prouvé"

Quel regard portez-vous sur votre explosion à l'automne, où vous avez marqué quatre essais pour vos deux premières sélections ?

Teddy THOMAS: Cela n'a rien changé, à part que j'ai pu être rappelé pour le Tournoi. Après, c'est sûr qu'on m'attend un peu plus, que mon nom s'affiche davantage dans les médias. J'ai eu plus de sollicitations, d'interviews. J'ai senti que mon statut avait un peu changé. C'est très flatteur, mais je n'oublie pas que je suis un jeune joueur, que j'ai encore toutes mes armes à faire et n'ai rien prouvé.

Mais votre ascension est fulgurante depuis l'été dernier...

T.T.: C'est sûr que c'est allé vite. Je ne m'attendais pas à ça (en arrivant l'été dernier au Racing-Metro). J'avais 20 ans, je venais du BO mais n'avais pas joué tous les matches non plus... J'étais un petit peu le "poussin". Donc je ne pensais absolument pas jouer tous les matches comme titulaire. Alors être appelé en équipe de France.... Pendant la préparation, Laurent Labit (entraîneur des arrières du Racing) m'a demandé mes objectifs. J'ai répondu faire des matches en Espoirs pour perfectionner certaines choses, puis essayer de jouer quelques matches en équipe première. Mais il m'a dit: pas du tout, si on t'a pris c'est pour que tu viennes directement avec nous. Cela m'a déjà mis en confiance. Lui, comme Laurent Travers (entraîneur des avants du Racing) ou Ronan O'Gara (spécialiste de la défense), m'ont fait grandir et donné une certaine confiance en moi. Si j'en suis là, c'est aussi quand même grâce à eux.

Votre automne en bleu a aussi été marqué par cette exclusion du XV de départ pour le dernier match après avoir manqué une séance vidéo. Que s'est-il passé ? Une panne de réveil ?

T.T.: J'ai été clair dans ma réponse (donnée à l'encadrement): j'ai eu un problème à la maison, ce qui est vrai. Je peux comprendre que certains ne me croient pas. Mais c'est passé, j'en ai subi les conséquences, j'ai été puni. Maintenant ça ne sert à rien d'en reparler jusqu'à la Coupe du monde...

A ce niveau-là, certaines erreurs ne pardonnent pas, et c'est tout à fait normal

Cette exclusion a-t-elle été un mal pour un bien, en vous faisant prendre conscience des exigences supérieures qui entourent un international ?

T.T.: Non je ne pense pas. En arriver à se faire punir pour un match international n'est pas un mal pour un bien, surtout pour ma troisième sélection (seulement). Mais ça m'a montré qu'à ce niveau-là, certaines erreurs ne pardonnent pas, et c'est tout à fait normal. On vit en groupe, et quand on arrive en retard on est puni, c'est normal.

Mais avez-vous pris conscience que votre statut avait évolué ?

T.T.: Oui... Après j'ai trouvé que les médias en avaient fait un paquet pour rien. Cela reste un retard. Mais ça m'a montré que tous nos faits et gestes sont scrutés. J'ai laissé passer.... Je connais la vraie histoire, je sais ce qu'il s'est passé. Tout ce qu'on peut dire à droite et à gauche a peu d'importance.

Vous projetez-vous déjà sur la Coupe du monde en Angleterre (18 septembre-31 octobre) ?

T.T.: Oui et non, car elle est loin sans être loin, vu qu'on en parle tout le temps. Je suis focalisé sur le Tournoi des six nations. Je n'ai encore rien prouvé. Il y a eu la page de novembre c'est sûr, mais maintenant elle est refermée. J'ai fait de bonnes choses, j'en suis très content. Mais je repars de zéro, j'ai encore beaucoup à prouver dans ce Tournoi pour pouvoir être dans les 31 à la Coupe du monde.