Saint-André: "Je ne vais pas vous dire qu’on est une grande équipe"

Philippe, qu’a-t-il manqué à cette équipe de France pour espérer s’imposer ?

Philippe SAINT-ANDRE: Quand tu perds un match international, il y beaucoup de choses qui clochent. Aujourd’hui, même si on a tenté, on a mis trop de temps, une demi-heure avant de conserver le ballon pour enchaîner trois temps de jeu. Même si défensivement, on est en place, on ne peut pas défendre en permanence. Même si on marque un essai, même s’il y a un essai refusé pour un léger en-avant, quant tu es à 50% au pied, c’est compliqué de gagner. Après il y a les faits de jeu avec les blessures de nos deux trois-quarts centre. Morgan Parra se blesse aussi à un genou. Mais même avec ça, on doit gagner le match. La seule chose, c’est de relever la tête. Les joueurs doivent travailler. Sur des gestes de base, on a manqué trop de choses pour gagner le match aujourd’hui.

Même s’il faut toujours éviter les constats alarmants à chaud, faut-il s’inquiéter de cette nouvelle défaite ?

P.S-A: Je ne vais pas vous dire qu’on est une grande équipe actuellement. On fait de très bonnes choses. On bouffe une énergie énorme pour marquer trois points. Et puis, sur le coup d’après, on fait une faute bête qui nous coûte trois points. On se relâche une fois en mêlée, on prend trois points. Les Gallois ont été pragmatiques. Nous, on ne l’est pas du tout actuellement. Il faut féliciter les Gallois. Ils ont de l’expérience. Même si sincèrement on se rapproche du très haut niveau, il nous manque d’être mieux dans le but. On a des joueurs qui ont du mal à tenir 80 minutes. On le sait. Il faut travailler techniquement, physiquement. Il faut se préparer comme des fous pour le match contre l’Italie et bien finir le Tournoi.

On donne des pénalités d'une bêtise incroyable

Vous aviez beaucoup misé sur votre banc. Êtes-vous satisfait de son rendement ?

P.S-A: Sincèrement, l’apport du banc a été moins efficace qu’à Dublin. On fait de belles choses mais on n’a pas cette maîtrise. Les joueurs osent des choses de qualité mais on donne des pénalités d’une bêtise incroyable. Il ne faut pas se voiler. Vu nos résultats, on est arbitré comme une petite nation et il faut en faire dix fois plus pour récupérer des points. Il faut l’accepter. Quand on sera vraiment précis de partout, la roue tournera du bon côté.

Regrettez-vous une nouvelle fois certaines approximations individuelles ?

P.S-A: Sincèrement, j’ai envie de revoir le match mais oui, il y a eu des fautes de main, de fébrilité. Quand tu mets le maillot de l’équipe de France, ça doit être que du bonheur, de la fierté et t’apporter une invincibilité incroyable. Actuellement, les joueurs se mettent une pression supplémentaire. Depuis que le rugby est professionnel, les Irlandais et les Gallois ne sont plus de petites équipes. Ils ont su s’adapter. L’équipe nationale est la priorité et les résultats sont présents.

Je le vis très mal bien sur

Pensez-vous avoir encore des ressorts pour redresser cette équipe de France ?

P.S-A: Il y a des joueurs comme Thierry (Dusautoir) qui ont de l’expérience. Pascal (Papé) n’était pas là. On restructure complètement une génération de joueurs. En première ligne, des joueurs comme Eddy Ben Arous se mettent au niveau. Mais bien sûr que je me pose des questions. On va bosser. Je crois au travail. On a des joueurs talentueux.

Sauf miracle, le Tournoi des 6 Nations est perdu. Comment le vivez-vous ?

P.S-A: Je le vis très mal bien sûr. Quand tu es ancien joueur, que tu as été capitaine, ce Tournoi est une compétition exceptionnelle, ancestrale. Actuellement, on n’est pas prêt pour gagner ce Tournoi. Le très haut niveau est impitoyable. Mais il faut relever la tête et avancer.