Pour les Bleus, la libération passe par Londres

Par Rugbyrama
  • Yoann Maestri, le deuxième ligne du XV de France
    Yoann Maestri, le deuxième ligne du XV de France
  • Sébastien Tillous-Borde - Italie France - 15 mars 2015
    Sébastien Tillous-Borde - Italie France - 15 mars 2015
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Electrisant et décisif, le "Crunch" samedi contre l'Angleterre à Twickenham (18h00) en clôture du Tournoi exhale un parfum de dernière chance pour le XV de France, avide d'enfin libérer ses ambitions et son énergie avant la Coupe du monde.

Si pour quelque raison obscure le XV de France gardait pour le terme de cette nouvelle édition insipide des atouts dans sa manche, il est plus que temps de jouer "tapis". Cela n'effacera certes pas trois ans de revers filasses et de victoires falottes, la plupart arrachées la peur au ventre. Mais on connaît les vertus cathartiques et les propriétés anesthésiantes, principalement pour la mémoire, d'un succès dans l'antre du rugby anglais. Depuis 1906, tout XV de France court après cette performance qui sollicite davantage l'imaginaire que la raison, renvoie l'amateur aux brumes de l'enfance et l'ancien joueur à sa gloire passée. Twickenham, c'est des souvenirs fantastiques, quelque chose d'exceptionnel. C'est un grand moment dans la carrière d'un joueur de rugby, plaide ainsi le manager des Bleus Philippe Saint-André, qui y a pourtant toujours perdu avec le maillot frappé du coq sur les épaules. Mais y a inscrit en 1991 ce qui reste dans les esprits comme "l'essai du siècle", une mythique chevauchée de 100 mètres en tirant des bords dans la défense anglaise.

Exploiter le filon romain

Temple des rêves et des exploits, Twickenham a souvent aussi été le cercueil des illusions françaises: on y est vite ramené à la réalité par des Anglais "clinical and ruthless" (réalistes et sans pitié), pour reprendre l'expression en V.O. de Saint-André. Mais ce XV de France n'a pas attendu le déplacement à Londres pour s'engluer dans un ordinaire fadasse, et on l'exhorte désormais à s'en sortir. Le Mondial, qui s'ouvrira au même endroit pour les Français mais face à l'Italie le 19 septembre, approche à grands pas. Il ne faut plus qu'on se pose de questions, martèle Saint-André, qui verra pour une dernière fois ses troupes en situation avant de dévoiler le 19 mai une liste de 36 joueurs pour la Coupe du monde.

Sébastien Tillous-Borde - Italie France - 15 mars 2015
Sébastien Tillous-Borde - Italie France - 15 mars 2015

Lui qui ne cesse de se raccrocher aux branches, ou plutôt aux bourgeons flétris, depuis trois ans de mandat où rien ne lui a été épargné, pense d'abord au fétu de confiance né de la victoire à Rome dimanche dernier (29-0), après deux défaites contre l'Irlande (18-11) et le pays de Galles (20-13). On a même ressorti la calculette après la partie pour se rendre compte qu'en cas de triomphe à Londres, la France était encore en position de remporter le Tournoi, une première depuis 2010. Certes, le hold-up tient surtout de la mathématique: il faudrait s'imposer par au moins huit points d'écart et miser sur des défaites, quelques heures plus tôt, du pays de Galles en Italie et de l'Irlande en Ecosse. Mais ce "shoot" d'improbable a toujours exalté les Bleus et construit leur légende.

Saint-André: "Les Anglais sont les plus beaux"

Tout le monde dit que les Anglais sont les plus beaux, les plus forts, les favoris de ce Six nations, glisse Saint-André. Nous, on va y aller avec nos forces, notre détermination et on fera le bilan après le match. On sait que ce sera âpre, très physique. Les Anglais mettent beaucoup de rythme. On sait qu'ils ont de gros points forts. Mais on sait aussi qu'on est capable de rivaliser avec eux, promet-il encore.

Pour se mettre en condition, le XV de France, dont l'ossature romaine a largement été reconduite, s'est offert jeudi son lot habituel de drame gaulois, autour du genou droit de l'ouvreur Camille Lopez, objet de diagnostics controversés. Titulaire des sept dernières rencontres, il doit jeter l'éponge finalement et Jules Plisson (23 ans, 5 sél) sera chargé d'orchestrer le jeu français. Il y a un an, avec beaucoup de morgue pour une première cape, le jeune Parisien avait oeuvré au palpitant succès des Bleus (26-24) sur le XV de la Rose au Stade de France. On avait alors cru au déclic, ce ne fut qu'un feu de paille. Mais sous les cendres couve encore quelque chose, croyons-le.

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