Faletau, le bulldozer gallois attend les démolisseurs

Le N.8 Taulupe Faletau, perforateur en chef des avants gallois, attend de pied ferme le combat physique proposé par les Français, samedi, dans le Tournoi qui lui rappellera sans doute les joutes d'antan dans le jardin des frères Vunipola. On accepte tous les défis qu'on nous propose. On ne reculera devant rien. C'est notre caractère, a prévenu Faletau qui, à 24 ans, est déjà un joueur-cadre du XV du Poireau, fort de 42 sélections, toutes comme titulaire. Quand il s'agit de montrer les crocs et ses muscles, Faletau (1,87 m, 111 kg) a toujours été un argument de poids pour les Gallois ces dernières années, alliant à sa puissance naturelle une jolie gestuelle ballon en main.

Des cousins nommés Vunipola

On a pu apprécier ces qualités en ouverture du Tournoi face à l'Angleterre (16-21). Faletau s'était extrait d'une mêlée chahutée à cinq mètres de l'en-but anglais pour fixer deux adversaires, en aspirer un troisième et servir sur un plateau Rhys Webb pour l'essai. Le tout en tenant le ballon d'une main, marqueur génétique s'il en fallait des ses origines tongiennes. Taulupe est en effet le fils du deuxième ligne international tongien Kuli Faletau (20 sél.), par ailleurs prédicateur laïc et repéré lors d'une tournée en 1997 par le club gallois d'Ebbw Vale. Né sur les pentes d'un volcan sur l'île de Tofoa et arrivé en Principauté à l'âge de 7 ans, Taulupe Faletau a du coup été biberonné au rugby gallois.

C'est à l'époque que Taulupe choisit de se faire appeler "Toby" par ses petits camarades du cru pour qui il était difficile de prononcer le prénom tongien. Ses souvenirs d'enfance, ce sont aussi les heures passées à dévaler à vélo les collines avoisinantes en compagnie des ses cousins Mako et Billy Vunipola, dont le père Fe'ao a posé ses valises à Pontypool, à une vingtaine kilomètres de là. Sans savoir qu'il les retrouverait 15 ans plus tard face à lui, lui avec le maillot gallois et eux avec celui de l'Angleterre.

A travers les mailles du filet anglais

Je pense qu'il devait y avoir trois familles tongiennes au mieux au pays de Galles donc on a passé beaucoup de temps ensemble, Mako, Billy et moi, se remémore Faletau. Le jardin de Mako et Billy était notre terrain d'entraînement. J'allais chez eux et l'on faisait des deux contre deux: Billy et moi contre Mako et mon frère Josh, ajoute-t-il. Taulupe Faletau a même habité trois ans chez ses cousins, le temps d'étudier au Filton College de Bristol, période à laquelle il aurait pu tomber dans l'escarcelle anglaise comme les frères Vunipola.

Mais les Dragons de Newport ont finit par le repérer et le lancer en équipe première en 2009, ce qui lui vaut dans la foulée des convocations en sélection nationale des moins de 20 ans. Les événements se sont alors enchaîné à un rythme fou et un peu effrayant, relève-t-il, jusqu'à ce que Warren Gatland ne le jette dans le grand bain international en juin 2011, juste à temps pour s'immiscer dans le groupe pour le Mondial néo-zélandais. Titulaire face à la France lors de la cruelle demi-finale perdue à Auckland 9 à 8, il ne s'est depuis plus incliné face aux Bleus. Et Faletau de rappeler que le succès en France, il y a deux ans (16-6, ndlr), a été le catalyseur de notre victoire dans le Tournoi. J'espère que nous l'emporterons encore ce week-end. On le saura bien assez tôt, souligne-t-il avec appétit.