Gajan: "L’encadrement du XV de France a totalement dérapé"

  • Christian Gajan, le manager de Carcassonne
    Christian Gajan, le manager de Carcassonne
  • Christian Gajan, le manager sportif de Carcassonne
    Christian Gajan, le manager sportif de Carcassonne
Publié le
Partager :

A moins de trois jours de l'ouverture du Tournoi, le manager de Carcassonne, Christian Gajan, ne cache pas son profond désaccord avec la politique menée par le staff du XV de France privilégiant Spedding et Kockott à la place de Dulin et Parra.

Quel est votre sentiment sur le Tournoi des 6 nations qui s’ouvre ce week end ?

Christian GAJAN: J'ai découvert le Tournoi à l’âge de 5 ans avec mon père et pour la première fois, je crois que je ne vais pas le suivre. La politique mise en place me désole, c’est lamentable. Je n’ai pas envie de voir Spedding ou Kockott quand Dulin et Parra sont-là. Comment voulez-vous que les jeunes s’identifient ? Il y a quelques années Pelous représentait Saverdun, Harinordoquy le Pays Basque, Tournaire c’était Salles d’Aude et ainsi de suite. Ça créait un lien entre le public et les joueurs.

Cette politique remet selon vous en cause l’intégration au plus haut niveau des jeunes issus de la formation ?   

C.G.: J’ai été professeur de sport, éducateur au Pôle Espoir de Jolimont (à Toulouse) et entraîneur en élite depuis 1990 et les joueurs qui passaient entre nos mains avaient un avenir. Aujourd’hui, que voulez-vous dire à un jeune joueur qui voit toutes les places occupées par des étrangers en club et bientôt en équipe de France ? On va dégoûter nos jeunes ! On va écœurer nos éducateurs ! Un étranger en équipe de France, ça doit rester une exception. Je connais et je respecte Messieurs Blanco, Bru, Lagisquet et Saint-André mais là, ils ont totalement dérapé. C’est dangereux pour le futur.

Christian Gajan, le manager sportif de Carcassonne
Christian Gajan, le manager sportif de Carcassonne
La problématique qui s’applique aux joueurs est la même pour les techniciens. Quel avenir pour un joueur qui voudrait se lancer dans la carrière d’entraîneur ?

Pourtant, l’apport de joueurs étrangers semble accepté en club...

C.G.: Oui et je ne conteste pas cet apport : j’ai eu des étrangers dans les équipes que j’ai entraînées et j’en ai aussi à Carcassonne. C’est positif dans la mesure où ça permet un échange culturel, une ouverture. Mais cette proportion doit rester raisonnable. Et c’est pareil pour les techniciens : je suis moi-même allé entraîner en Italie et au Japon parce que ces pays en avaient besoin dans le cadre de leur développement et que la formation française est reconnue. Mais quand je vois Mohed Altrad (président de Montpellier) qui va chercher Jake White et qui laisse sur le carreau des techniciens français comme les frères Lièvremont, Pierre Berbizier et bien d’autres, je trouve que c’est lamentable !

D’ailleurs, Jake White a commencé à faire son recrutement et naturellement, il a choisi des étrangers ! Pour revenir au banc de touche, entre le Top 14 et la Pro D2, il y a aujourd’hui une quarantaine de techniciens étrangers : managers, entraîneurs, vidéastes, préparateurs physiques, etc… Et la problématique qui s’applique aux joueurs est la même pour les techniciens. Quel avenir pour un joueur qui voudrait se lancer dans la carrière d’entraîneur ? Nous sommes colonisés par les nations du Sud et il n’y aucun échange, ça marche toujours dans le même sens. C’est regrettable quand on voit que la majorité des autres grandes nations du rugby ont su se protéger. On peut me reprocher d’avoir une vision passéiste, on peut m’expliquer que c’est le marché qui veut ça mais je peux vous garantir qu’on va droit dans le mur.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?