Le XV de France a une défense, mais pas encore d'attaque

Par William Grenet
  • A l'image de Teddy Thomas, les Bleus ont énormément de mal en attaque - 14 février 2015
    A l'image de Teddy Thomas, les Bleus ont énormément de mal en attaque - 14 février 2015
  • Vincent Debaty (XV de France) a effectué une très belle entrée en jeu contre l'Irlande - 14 février 2015
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  • Le carton jaune attribué à Pascal Papé en Irlande
    Le carton jaune attribué à Pascal Papé en Irlande
  • Damien Chouly (XV de France) a totalement raté son match en Irlande - 14 février 2015
    Damien Chouly (XV de France) a totalement raté son match en Irlande - 14 février 2015
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Une courte victoire face à l’Ecosse (15-8), une courte défaite face à l’Irlande (18-11), l’équipe de France n’est pas vraiment entrée dans son Tournoi. A sept mois de la Coupe du monde, les performances des Bleus posent encore de nombreuses questions et inquiètent. Mais il y a quand même quelques signes d’espoir. Voici les points positifs et négatifs.

Les points positifs

  • La défense

L’année passée, l’équipe de France avait encaissé 26 essais en 11 rencontres. Soit une moyenne de 2,34 essais par match ! Tout le monde a encore en mémoire la raclée reçue cet été en Australie lors du premier test (50-23) avec 7 essais encaissés. En 2015, les Bleus ont décidé de mettre les verrous. Avec un seul essai encaissé face à l’Ecosse lors des deux premiers matches du Tournoi, le Quinze de France a rectifié le tir. A confirmer bien sûr face au pays de Galles et à l’Angleterre. Mais on va s’en contenter… pour le moment.

  • Le banc de touche

Aussi bien contre l’Ecosse que contre l’Irlande, le banc tricolore a apporté un plus. Face aux Ecossais, c’est surtout Morgan Parra qui a marqué des points. Derrière un pack dominateur, il a montré qu’il était un patron. Idem face à l’Irlande. Il a choisi les bonnes options de jeu. L’autre grosse satisfaction est l’apport des remplaçants en première ligne. Si Atonio n’a pas la caisse pour tenir un match international complet, quand il rentre, il fait mal à ses adversaires. Ses deux entrées en jeu ont coïncidé avec le renouveau français. Ben Arous face à l’Ecosse et Debaty face à l’Irlande ont aussi fait forte impression, permettant aux Bleus de remettre la main sur le ballon et de changer la physionomie de la rencontre. On pense aussi à Romain Taofifenua qui a apporté toute sa puissance. Ces impacts players ne sont également pas étrangers à la maitrise du maul qui a sans doute permis aux Bleus de ne pas s’enliser d’avantage face à l’Ecosse. Les remplaçants ont à chaque fois dynamisé l’équipe de France. Dommage que l’apport du banc soit finalement à chaque fois trop tardif…

Vincent Debaty (XV de France) a effectué une très belle entrée en jeu contre l'Irlande - 14 février 2015
Vincent Debaty (XV de France) a effectué une très belle entrée en jeu contre l'Irlande - 14 février 2015
  • La chance

Il faut prendre ce qu’on peut ! Mais force est de constater que l’équipe de France est plutôt chanceuse depuis le début du Tournoi. Car si les rebonds n’avaient pas été du côté français face à l’Ecosse, les Bleus auraient sans doute deux défaites au compteur. Par deux fois au Stade de France, un rebond favorable a permis aux hommes de Philippe Saint-André de se tirer d’un mauvais pas. Le premier sur une passe de Kayser à Huget que Visser aurait pu exploiter. Le second sur l’interception de Russell et le jeu au pied qui a suivi, avec un rebond plus favorable au retour de Lopez. Par deux fois, les Bleus étaient proches du K.O. Face à l’Irlande, c’est la mauvaise passe et surtout le mauvais choix de Sexton, qui mange un trois contre un, qui a sauvé les Bleus. A l’heure de jeu, si l’action avait été au bout, le break aurait été fait. Et qui dit que les Bleus n’auraient pas craqué ?

  • Un brin d’animation offensive

Même si on s’est sérieusement ennuyé devant les Bleus depuis le début du Tournoi, l’animation offensive est pourtant en progrès par rapport à l’automne. C’est dire… "L’essai exceptionnel", comme l’a qualifié Philippe Saint-André, face à l’Irlande, peut aussi servir de base pour donner confiance à cette équipe. Un essai en deux matches, c’est peu. Certes. Mais lorsque les Bleus ont réussi à enchaîner les passes (sans faire d’en-avant), les Irlandais étaient en difficulté. L’équipe de France doit construire là-dessus et se servir de cette faible lueur d’espoir pour éviter le blackout complet !

Les points négatifs

  • Trop de ballons rendus

Les statistiques sont implacables. 14 turnovers concédés face à l’Ecosse, 18 contre les Irlandais… Qui dit mieux ? Comment l’équipe de France peut-elle espérer battre les grandes nations du rugby mondial, notamment dans sept mois, si elle rend autant de ballons à ses adversaires ? C’est quasiment mission impossible.

  • L’indiscipline

Là encore, les chiffres sont éloquents. Si les Français avaient sauvé les meubles face aux Ecossais avec 8 pénalités concédées, le match face à l’Irlande a tourné au vinaigre. Avec 14 pénalités sifflées contre les Bleus, si on ajoute les 16 turnovers, ça fait pas moins de 30 ballons rendus à l’adversaire. Face aux Irlandais, les hommes de Philippe Saint-André ont surtout été pénalisés dans les rucks et sur les renvois, permettant au XV du Trèfle de garder toujours un matelas de confort, grâce à la botte de Jonathan Sexton (100%). Ajoutez à tout ça le carton jaune de "débutant" reçu par Pascal Papé, pour un coup de genou aussi stupide que visible sur Heaslip, au moment où les Bleus commençaient à refaire surface, difficile d’envisager une victoire.

Le carton jaune attribué à Pascal Papé en Irlande
Le carton jaune attribué à Pascal Papé en Irlande
  • Toujours pas de charnière

La paire Kockott-Lopez a été maintenue face à l’Irlande après une prestation peu convaincante face à l’Ecosse une semaine plus tôt. Kockott et Lopez avaient déjà évolué ensemble quelques minutes face à l’Australie et l’Argentine en novembre. Mais au coup d’envoi de France-Ecosse, Rory Kockott et Camille Lopz formaient la 14e charnière testée par Philippe Saint-André au coup d’envoi de son 33e test depuis sa prise de fonction. Résultat des courses: la charnière ne s’est pas imposée, loin de là. Si Kockott sort de deux matches très moyens, Camille Lopez a tenu le rang face à l’Ecosse avant de sombrer face à l’Irlande. Ses cinq points, ratés au pied, laissés en route à l’Aviva Stadium ont pesé lourd au final et empêché les Bleus d’y croire jusqu’au bout. A sept mois de la Coupe du monde, c’est toujours aussi inquiétant. A la mêlée, Tillous-Borde, absent sur blessure, et Parra, très bon lors de ses deux entrées en jeu, sont peut-être les grands gagnants des deux premiers matches. A l’ouverture, PSA pourra toujours rejouer la sécurité avec Tales qui n’a jamais démérité, ou attendre les retours de Trinh-Duc ou Michalak. A moins qu’il ne redonne sa chance à Plisson. Le chantier semble encore énorme.

  • Les cadres aux abonnés absents

On l’a vu, l’expérimenté Papé a craqué au mauvais moment. Malgré ses 34 ans et 59 sélections, il n’est pas au niveau. Le capitaine Thierry Dusautoir sort de deux prestations sans relief. Mais le plus grave est finalement la performance de l’axe 2-8-9-10-15. Si Guirado avait semble-t-il pris une longueur d’avance sur ses concurrents, la défaite en Irlande a sans doute redistribué les cartes au poste de talonneur. En 8, Damien Chouly sort affaibli. Il n’a rien montré. L’ombre de Picamoles plane sur lui. La charnière a déjà été évoquée. Enfin, Scott Spedding, qui jouait très gros, va sans doute devoir admirer les prises d’initiatives de Dulin du banc de touche. Au final, toujours pas de XV type, ni de certitude sur les postes clés pour Saint-André qui a avoué qu’il y aurait du changement pour la suite de la compétition. Toujours la même rengaine…

Damien Chouly (XV de France) a totalement raté son match en Irlande - 14 février 2015
Damien Chouly (XV de France) a totalement raté son match en Irlande - 14 février 2015
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