Slimani, à (petits) pas de géant

Par Julian Vicente
  • Rabah SLIMANI - 19.11.2013 - Conference de Presse
    Rabah SLIMANI - 19.11.2013 - Conference de Presse
  • Bagarre Slimani Taumalolo - Stade français Perpignan - 29 décembre 2013
    Bagarre Slimani Taumalolo - Stade français Perpignan - 29 décembre 2013
Publié le Mis à jour
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Le pilier droit du Stade français et du XV de France, Rabah Slimani, est, pour beaucoup d'observateurs du Top 14, le futur n°1 à son poste dans l'Hexagone.

Dimanche 29 décembre – À la 29e minute du match qui oppose le Stade Français à l’USAP à l’occasion du Boxing Day, Cyril Lafon met la main à la poche. Sona Taumalolo, concassé en mêlée, est exclu 10 minutes. Sébastien Taofifenua, grand espoir au poste de pilier gauche, fait son entrée, avant de connaître la même infortune que son compère Tongien. L’arbitre de la rencontre s’en va entre les poteaux siffler un essai de pénalité. L’écart est fait, le Stade français ne sera plus rejoint. Bien aidé par ses coéquipiers, l’homme qui vient de mettre la première ligne catalane au supplice s’appelle Rabah Slimani.

Titulaire indiscutable depuis le début de la saison, le jeune pilier originaire de Sarcelles ne cesse d’impressionner. Sa sélection pour le Tournoi des six nations n’a souffert d’aucune contestation, malgré son relatif manque d’expérience au niveau international. Bien plus qu’une doublure, il pourrait bien briguer plus tôt que prévu une place de titulaire en équipe nationale. "S’il continue à bosser, il va très vite devenir le n°1", confirme Jeff Dubois, son entraîneur en club. Travailler, c’est le maître mot de Slimani. Si l’intéressé parle volontiers de "chance", force est d’admettre que sa réussite n’a rien d’un hasard. Passé par toutes les sélections de jeunes depuis les U18, vainqueur du 6 nations U20, retenu en 2010 avec France A, le joueur de 24 ans a connu une progression rapide et régulière. "Il progresse à pas de géant", disait de lui Michael Cheika à l’époque où il manageait le Stade Français. Son niveau actuel n’a donc rien de surprenant, notamment pour Jean-Paul Dispans, son premier entraîneur au Stade Français. "Il est arrivé sur la pointe des pieds, se souvient l’éducateur. C’était un diamant brut, mais il avait déjà tous les ingrédients pour réussir. Selon moi, il n'est encore qu'au tout début d’une grande carrière."

Bagarre Slimani Taumalolo - Stade français Perpignan - 29 décembre 2013
Bagarre Slimani Taumalolo - Stade français Perpignan - 29 décembre 2013

Dubois: "Il peut être très bon balle en main"

"Rabbdog", comme le surnomme le deuxième ligne Anton Van Zyl, est aussi connu pour sa discrétion. Sa timidité, diront certains. Sempéré, qui le connaît "par cœur", décrypte : "C’est quelqu’un de réservé, qui ne se mettait jamais en avant, de par les valeurs qu’on lui a inculquées. Aujourd’hui, Rabah a mûri, et ces petites choses qui le limitaient auparavant, il en a fait une force. Il a pris la place qui lui appartient, et c’est tant mieux". Jeune père de famille, Slimani veut aller plus loin et ne s’en cache pas. A l’automne dernier, lors d’un entretien accordé à la communication de la FFR, le pilard 2.0 évoquait ses lacunes : "Je dois encore progresser, notamment en m’imposant plus dans le jeu où je suis encore un peu trop timide." Timidité, quand tu nous tiens. Dubois, spécialiste du jeu de mouvement, ne se fait pas de souci pour son joueur : "Il peut être très bon balle en main. Bientôt, on prendra la pleine mesure de son potentiel", salive le technicien parisien. "Déjà en cadets, c’était un bon joueur de ballon", se rappelle Benoît Guyot, son ancien capitaine en cadets. Il se distinguait par sa fréquence d’appuis hors du commun, s’amuse le flanker biarrot, un brin chambreur, faisant référence aux petites foulées rapides que son ami exécute lorsqu’il sprinte.

Le présent et l’avenir

Cheika l’utilisait indifféremment des deux côtés de la première ligne. Aujourd’hui solidement installé à droite, Slimani est notamment réputé pour sa tenue en mêlée fermée : "Il casse la bouche à tout le monde", se marre Benoît Guyot. Cantonné au rôle de remplaçant pour ses premières saisons en pro, le jeune international (3 sélections) a su s’imposer au sein d’un pack parisien déjà bien fourni. "Rabah a connu des moments difficiles au début, lorsqu’il était en concurrence avec des anciens, comme David Attoub et Rodrigo Roncero. Mais ces mecs-là lui ont aussi beaucoup appris", souligne Djibril Camara, son ancien colocataire au Centre de Formation du Stade. Jeff Dubois abonde : "La concurrence a un effet positif sur des joueurs au gros mental comme Rabah". Le malheur des uns faisant souvent le bonheur des autres, la blessure de David Attoub la saison dernière lui a donné une nouvelle dimension. Laurent Sempéré, son partenaire en première ligne à Paris, explique : "La blessure de David Attoub lui a permis de pouvoir s’affirmer. Il a été obligé de changer sa position au sein du groupe. Il est très précieux pour l’équipe."

A la veille du Tournoi, rares sont ceux qui doutent des qualités de l’ancien pensionnaire du Pôle France. Un contexte idéal pour celui qui a besoin de sérénité pour travailler. Une chose est sure, Rabah Slimani incarne l’avenir du rugby Français. A moins qu’il n’en incarne déjà le présent.

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