Brunel: "L'Italie reste fragile encore"

  • Jacques Brunel - Italie - 9 novembre 2013
    Jacques Brunel - Italie - 9 novembre 2013
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Le sélectionneur du XV d'Italie, Jacques Brunel, a expliqué que la révolution offensive lancée depuis sa prise de fonctions restait "fragile", son équipe ayant reperdu pendant les test-matches d'automne le terrain gagné lors du Tournoi des Six Nations 2013.

L'Italie évolue vers un jeu plus offensif, mais les cinq défaites sur six matches en tournées n'ont-elles pas gâché votre bon Tournoi 2013 ?

Jacques BRUNEL: On a mis en place cette ambition, mais on reste fragile encore. Le rugby italien traditionnellement aime bien le combat, l'affrontement. Il était un peu plus basé sur l'aspect défensif. Depuis mon arrivée, j'ai essayé de rééquilibrer, de mettre l'accent sur la capacité à imposer le jeu, à créer. On y est arrivé par moments, puis on a rompu l'équilibre. Dans le Tournoi, on avait l'équilibre entre jeu et secteur défensif, mais pendant l'été et l'automne on a perdu dans le secteur défensif.

Qu'est-ce qui manque encore à votre équipe ?

J.B: On a besoin de joueurs de haut niveau, de concurrence interne, on ne l'a pas encore suffisamment. L'Italie a mis en place des académies, tout une pyramide pour aller vers le haut niveau, mais pour le moment cette réserve n'y est pas encore arrivée.

Vous faudrait-il un grand numéro 10 comme Dan Carter ?

J.B: Oh, il ne manque pas seulement un joueur. Quand on est une 'petite équipe', la difficulté c'est de ne plus l'être dans son esprit, dans celui des adversaires, de l'arbitre et des commentateurs. Pour l'arbitre, c'est toujours l'Italien ou le Canadien qui va faire la faute sur un ruck, pas un Néo-Zélandais. Les joueurs aussi doivent se placer dans l'ambition de pouvoir 'torcher' les All Blacks, eux aussi se mettent des freins.

La défaite de justesse contre l'Australie (22-19) ou la bonne première mi-temps contre la Nouvelle-Zélande (42-10) en 2012 ne suffisent-elles pas ?

J.B: On a montré des choses contre les All Blacks, les Australiens, mais aussi cet été une partie de la rencontre contre les Sud-Africains (44-10), mais on n'est pas capable encore de le faire pendant une partie entière. On est sur un chemin, on n'est pas loin et en même temps on est très loin. Il nous manque encore la capacité à jouer avec une certaine intensité, une certaine vitesse. Tout doit aller ensemble: l'anticipation, la concentration, la réalisation technique, tout ça à grande vitesse. On l'acquiert dans la confrontation.

Espérons qu'on s'est bien oxygéné !

Après un des meilleurs Tournoi de l'Italie (deux victoires), quel est l'objectif pour 2014 ?

J.B: Ce sera très difficile de faire mieux, déjà par la configuration du calendrier, avec deux déplacement à Cardiff et à Paris pour commencer, et deux matches sur cinq à domicile (Écosse et Angleterre). On n'a pas d'objectifs chiffrés, on est revenu en arrière sur le contenu des matches, le but est de retrouver de la satisfaction, d'élever notre niveau de jeu, notamment le secteur défensif.

Vous êtes-vous un peu endormis après le bon Tournoi 2013 ?

J.B: On peut le penser, parce que nous sommes latins, les latins sont comme ça, on s'est peut-être satisfait de nos prestations. Je sens une adhésion pour aller vers un jeu plus équilibré, on a franchi des paliers, comme dans toute ascension il faut redescendre un peu pour s'oxygéner. Espérons qu'on s'est bien oxygéné!

Et vous devez déjà penser au Mondial 2015...

J.B: C'est simple, il nous reste deux ans pour aller à la Coupe du monde, c'est-à-dire 16 matches, plus 2 de préparation, soit 18 matches. C'est très, très rapide. C'est demain. Mais beaucoup de jeunes ont emmagasiné de l'expérience.

En deux ans, quel est votre meilleur souvenir avec l'Italie, la victoire contre la France au Tournoi ?

J.B: Pour l'entraîneur, ce n'est pas tellement un résultat, même si effectivement la France est un bon souvenir. Mais il y a aussi la seconde mi-temps contre l'Angleterre (Tournoi 2013, défaite 18-11), quand le stade ne dit plus rien, on sent qu'on n'est pas très loin. Le 'bon souvenir', c'est de sentir que les joueurs ont l'ambition d'aller sur la voie que j'essaie de leur tracer. La victoire ou la défaite ne fait que marquer un parcours.

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