Gatland et les tensions perpétuelles avec l'Irlande

  • Gatland - pays de Galles - 22 novembre 2013
    Gatland - pays de Galles - 22 novembre 2013
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Le sélectionneur du pays de Galles, Warren Gatland, peut se targuer d'une carrière couronnée de succès, si ce n'est une histoire tumultueuse et contrariée avec l'Irlande qu'il retrouve samedi lors de la deuxième journée du Tournoi des six nations.

A la tête du XV du Poireau depuis 2007, le technicien gallois, Warren Gatland, désigné en 2013 comme le meilleur du monde, peut devenir le premier à remporter trois fois d'affilée l'épreuve, après un Grand Chelem en 2012 et une "simple" victoire en 2013. Et en 2019, si le Néo-Zélandais de 50 ans va au bout d'un contrat prolongé cet automne, il sera le sélectionneur resté le plus longtemps en poste depuis l'avènement du professionnalisme.

Meneur d'hommes depuis toujours, l'ex-talonneur de Waikato, né à Hamilton dans une province reculée de Nouvelle-Zélande, s'est donc rodé comme entraîneur au fin fond de l'Irlande avant de découvrir la notoriété en accédant aux quarts de finale de Challenge européen avec le Connacht en 1998. La légende raconte que pour son premier mach comme entraîneur-joueur alors qu'il gagnait sa vie comme videur à Galway, il est parti en oubliant délibérément un joueur régulièrement en retard, puis a fait descendre et courir ses coéquipiers derrière le bus à quelques kilomètres du stade. Warren est ainsi aussi bonhomme et tranquille que Gatland est un technicien discipliné, autoritaire et exigeant.

Fin psychologue

Ses qualités humaines en ont pourtant fait un entraîneur apprécié de ses troupes. "Le secret de ses succès, c'est son honnêteté, raconte Robert Howley, un de ses adjoints dans l'encadrement gallois. Il crée toujours un environnement propice à la victoire et il aime le défi. C'est aussi un excellent communicant, avec un sens de l'humour très fin". A l'époque, en bon psychologue, il laissait à ses joueurs quatre jours toutes les six semaines pour se ressourcer en famille. "Construire la confiance, la loyauté et l'honnêteté sont trois valeurs qui comptent énormément à mes yeux, explique Gatland, râblé et le cheveux ras grisonnant. Dominer ne m'intéresse pas. Mon staff est autant propriétaire de l'équipe que moi. J'aime tirer les autres vers le haut et j'aime qu'ils fassent de même".

Gatland retrouve donc cette équipe d'Irlande entraînée entre 1998 et 2001, un pays qui a été sa porte d'entrée dans l'hémisphère Nord puisqu'il venait déjà y faire des piges l'été lorsqu'il jouait encore. Mais c'est aussi un pays avec lequel l'aventure s'est brutalement arrêtée à la surprise générale alors qu'il avait entrepris de redresser son rugby, par des victoires de prestige contre la France ou l'Angleterre. Les explications à cette fin prématurée balancent: Gatland en a-t-il trop fait en affichant son désir de prolonger son contrat ou en réclamant en coulisses une augmentation de salaire ? Ou est-ce l'élimination avant les quarts du Mondial 1999 qui n'avait pas été digérée deux ans plus tard par les dirigeants de l'IRFU ? Son seul "échec" a toutefois immédiatement été éclipsé par son bail aux Wasps.

Retrouvailles avec BOD

Entre 2002 et 2005, il a raflé trois titres de champion d'Angleterre et une Coupe d'Europe avant de retrouver Waikato et remporter en 2006 le championnat des provinces (NPC) avec son club de coeur. Enfin, l'été dernier contre l'Australie, il a offert aux Lions britanniques et irlandais la première série victorieuse depuis 16 ans. Nourrissant son rapport doux-amer avec l'Irlande, il avait essuyé une tempête en écartant la légende vieillissante Brian O'Driscoll pour le match décisif.

"La plupart des entraîneurs changent ce dont ils ont hérité avant de se battre pour reconstruire car il faut finalement composer avec les joueurs écartés, décrypte l'ex-international anglais Dean Ryan devenu consultant. Pas Gatland, qui est du même bois que Sir Alex Ferguson. Son plan est simple mais ça marche: il jette tout de suite les jeunes dans le bain". Tout Dublin attend maintenant ses retrouvailles avec un "BOD" avide de lui montrer qu'à 35 ans, il est resté vert. Et que l'Irlande, déjà vainqueur l'année dernière de la confrontation (30-22), n'a pas fini d'alimenter ses regrets.

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