Mêlée française cherche stabilité

Par Julian Vicente
  • Melee - 08.03.2014 - Ecosse  France - Tournoi des 6 Nations -Murrayfield -Edimbourg
    Melee - 08.03.2014 - Ecosse France - Tournoi des 6 Nations -Murrayfield -Edimbourg
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Le pack français, historiquement réputé pour sa mêlée fermée, cherche ses repères collectifs et une lecture adaptée d'un arbitrage pas toujours limpide, après avoir été souvent bousculé dans ce secteur durant le Tournoi des six nations.

Rampe de lancement du jeu, pourvoyeuse de pénalités mais aussi manière de marquer physiquement et psychologiquement l'adversaire, la mêlée française n'arrive pas à imposer son emprise. Performante face à l'Angleterre (victoire 26-24), elle a été mise à mal contre l'Italie (victoire 30-10), dépassée au pays de Galles (défaite 27-6), puis sur courant alternatif en Ecosse (succès 19-17). De l'aveu général, les Bleus pèchent d'abord dans l'adaptation aux nouveaux commandements mis en place cette saison ("flexion, liez-vous, jeu"). "Le législateur a voulu donner tout son poids à l'épreuve de la poussée en limitant l'influence de l'impact", explique à l'AFP le patron des arbitres français Didier Méné. "Du coup, la mêlée est différente."

Et le changement ne plaît pas à tout le monde. "Moi, ça fait 15 ans que je fais les mêmes choses et l'on me change tout un pan", déplore le pilier droit Nicolas Mas (33 ans, 70 sél). "C'est difficile de se mettre en place. C'est comme un enfant à qui on change toute sa façon de faire.Il y a une adaptation à avoir par rapport aux nouvelles règles, à l'arbitrage, poursuit le Montpelliérain. Après, c'est notre travail."

Domingo: "L'arbitre nous a demandé de changer nos appuis, c'est déstabilisant"

Individuellement, le cinq de devant français, coeur de la mêlée, ne manque pas de qualités, entre éléments d'expérience (Domingo, Mas, Szarzewski, Kayser, Papé) et espoirs en voie de confirmation (Slimani, Maestri, Flanquart, Vahaamahina). Corollaire des changements dans les commandements, la dimension collective de la poussée en mêlée a pris de l'ampleur, favorisant les packs ayant le plus de vécu en commun. "On continue notre apprentissage, répond à cet égard l'entraîneur en charge des avants Yannick Bru. Il y a du travail mais ça ne m'a jamais fait peur." Mais il faut aussi savoir composer avec les sensibilités des arbitres, ce qui n'a pas été le cas jusque-là. Conséquences: un nombre accru de pénalités, comme face au pays de Galles.

"L'arbitre (Alain Rolland) nous a demandé de changer nos appuis, de modifier nos entrées en mêlée, c'est déstabilisant", souligne le pilier gauche Thomas Domingo, parfois dans le collimateur des juges en raison de sa petite taille (1,73 m) qui l'avantage pour amener au sol ses vis-à-vis, complètement pliés en deux. Face à l'Ecosse, les Bleus ont manqué cruellement de lucidité envers l'arbitrage du Néo-Zélandais Chris Pollock. Sur 20 mêlées - un nombre élevé pour un match international - ils ont été sanctionnés cinq fois alors qu'ils semblaient dominateurs. "On a eu une bonne mêlée, disciplinée, positive, sérieuse mais qui a mal compris les décisions", s'agaçait Bru après le match.

Bru: "Si on n'a pas cette ouverture d'esprit, on sortira frustré des matches"

Une série de mêlées à l'heure de jeu a ainsi vu le pack bleu prendre l'ascendant dans la poussée. Mais à force d'attendre que son adversaire se mette à la faute pour obtenir une pénalité, il a fini par être lui-même sanctionné par l'arbitre qui, en accord avec le rugby pratiqué dans l'hémisphère sud, demandait du jeu. "Je comprends, dans la psychologie de l'arbitre, qu'il ne veuille pas nous récompenser sur une épreuve de force, donc je demande du bord à jouer ce ballon, à faire un lancement", se lamente le technicien français. En vain.

"Il y a toujours une part de subjectivité de l'arbitre même si les directives sont très claires, admet Didier Méné. On est dans une phase transitoire où il y a aussi des joueurs qui doivent trouver leurs marques et c'est un long processus." Samedi contre l'Irlande, un autre arbitre du Sud, l'Australien Steve Walsh officiera. Les Bleus auront peut-être cette fois en tête cette prédiction de Yannick Bru avant l'Ecosse: "Il y a une grosse adaptation à avoir. Et si on n'a pas cette ouverture d'esprit, on sortira frustré des matches."

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