Bleus : Pas touche à la mêlée

C''est un énorme poncif, d'accord. Dire que la conquête sera primordiale dimanche en Irlande est une évidence. N'empêche, on peut s'attendre à ce qu'elle soit particulièrement importante à l'Aviva Stadium. Pourquoi ? Par les oppositions de styles qu'offrent les deux équipes tout d'abord et qui promettent une lutte acharnée dans l'obtention de munitions pour lancer le jeu.

Côté français, c'est la mêlée qui est mise en avant. Impériale depuis plusieurs mois, elle a encore fait des ravages contre l'Ecosse samedi dernier au Stade de France. En témoigne notamment l'essai de pénalité qu'elle a obtenu à la 29e minute de jeu. Preuve supplémentaire de son niveau actuel, cette statistique : sur les huit essais inscrits par le XV de France lors des quatre derniers matchs, trois d'entre eux ont été des essais de pénalité sur mêlée. A la sortie de la rencontre le week-end dernier, le sélectionneur écossais Andy Robinson affirmait ainsi que les Français étaient "peut-être les plus forts du monde dans ce domaine".

Les Bleus insisteront sans aucun doute sur ce secteur dimanche à Dublin. Car les Irlandais y sont particulièrement prenables. C'est le cas depuis plusieurs saisons et leur prestation au Flaminio samedi n'a pas balayé leurs incertitudes. Leur mêlée manque de puissance et de stabilité, notamment au niveau de son expérimentale première ligne Ross-Best-Healy (57 sélections). Le retour de Jamie Heaslip devrait faire du bien mais suffira-t-il à endiguer les assauts français ? On en doute, et c'est pour ça que les Bleus partent largement favoris dans ce secteur.

"Un problème de coordination" en touche

En touche en revanche, l'avantage va aux Irlandais. Quand la paire O'Connell-O'Callaghan continue de semer la terreur chez ses adversaires, les Tricolores bafouillent encore dans ce secteur. Ils ont ainsi perdu quatre ballons sur leurs lancers contre l'Ecosse. "On a fait des fautes idiotes, qui ne doivent pas intervenir à ce niveau", reconnaît le deuxième ligne Julien Pierre. Pour son coéquipier clermontois Julien Bonnaire, capitaine de touche aux côtés d'Imanol Harinordoquy, il s'agit avant tout d'un "problème de coordination. Quelques-unes ont peut-être été mal annoncées, tandis que sur d'autres, on était en retard au lift. Ce sont des choses qui peuvent se régler et qui doivent l'être face aux Irlandais, qui possèdent un très bon alignement et qui perdent rarement des ballons sur leurs lancers."

Pour ce faire, le XV de France travaille beaucoup dans ce domaine cette semaine. "Au vu des habitudes irlandaises, on peut penser qu'il y aura beaucoup plus de jeu au pied et de touches que contre l'Ecosse, explique Marc Lièvremont. Les Irlandais ont un jeu plus direct. Quand ils récupèrent des chandelles, ils dégagent directement en touche. Il faudra faire mieux dans ce secteur, nous en sommes conscients." S'ils veulent "prendre" leurs adversaires en mêlée, les Bleus savent que ces derniers insisteront sur la touche. C'est de bonne guerre. Et Julien Bonnaire l'assure : les Français ont "toutes les armes pour l'emporter".