Noon : "Une telle histoire entre nos deux pays"

Par Rugbyrama
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Jamie Noon, le trois-quarts centre international anglais (38 sélections, 35 pts) qui évolue à Brive depuis 2009, a affronté la France à quatre reprises. A ses yeux, le "crunch" est "quelque chose de spécial". Pour notre site, il livre sa vision de la rivalité entre la France et l'Angleterre (16h).

Que représente pour vous un "crunch" ?

Jamie NOON: Pour moi et pour les joueurs de ma génération, c'est vraiment quelque chose de spécial. Chacun a vu plein de matchs du Tournoi des 5 Nations quand il était petit. Et c'était toujours le même refrain pour le match entre la France et l'Angleterre : celui qui gagnait la rencontre remportait le Tournoi. C'était à chaque fois un match très serré entre deux équipes proches l'une de l'autre. Il y a une telle histoire entre nos deux pays dans notre sport. Alors avant d'affronter la France, je pensais forcément à tout cela.

Pour un joueur anglais, la préparation d'un match face à la France est-elle différente de celle d'un autre match ?

J.N.: Non, elle n'est pas différente. Avant une rencontre, c'est un peu toujours la même chose. Nous avons nos habitudes. Mais par contre, la pression qui entourait la rencontre dans les jours précédents est différente. Elle est beaucoup plus grande parce qu'on savait que contre la France, ce serait plus dur que face à d'autres nations. Et on savait que ce serait encore plus dur à Paris car en Angleterre, la France a la réputation de ne pas très bien voyager. Par contre, elle a la réputation d'être forte à domicile.

Et aujourd'hui, pensez-vous que l'attente du public est toujours aussi grande avant ce match en Angleterre ?

J.N.: Elle l'est un peu moins car auparavant, ce duel était capital. Il décidait du vainqueur de la compétition. C'était comme une finale et d'ailleurs, ce match était souvent organisé lors de la dernière ou de l'avant-dernière journée. Maintenant, avec la progression de l'Irlande et du pays de Galles, on vit une autre époque. Là, l'équipe de France cherchera surtout à montrer que le match nul contre l'Irlande était un accident et qu'elle peut mieux faire. L'Angleterre veut continuer sa progression, en ne pensant plus à un succès final dans le Tournoi.

A titre personnel, vous avez affronté la France à quatre reprises. Quel est votre meilleur souvenir face aux Bleus ?

J.N.: La victoire au stade de France en 2008 (24-13). Je me rappelle de mon plaquage sur Heymans qui a tombé le ballon sur le coup, ce qui a permis à Sackey de marquer le premier essai. C'est un souvenir génial. Nous avions une équipe pas très stable. Elle était en construction alors que les Français restaient sur deux ou trois sorties énormes (victoires en Ecosse et contre l'Irlande, N.D.L.R.), avec Clerc et Heymans qui étaient en grande forme. Quand nous sommes arrivés à Paris, tout le monde pensait qu'on prendrait une fessée. La question n'était pas savoir si la France allait gagner mais combien elle allait gagner. Et pourtant...

Et quel est votre pire souvenir ?

J.N.: Deux ans auparavant, en 2006. C'était la première fois que je jouais au stade de France et la première fois que je jouais contre la France. Et cette fois, nous avions été dominés et avions perdu sur un score large (31-6, N.D.L.R.).

Depuis que vous évoluez en France, on vous rappelle souvent ces souvenirs ?

J.N.: Non, pas trop. C'est davantage en Angleterre qu'on se souvient de ces anecdotes. En France, les gens ne savent pas que j'étais sur le terrain ces jours-là. Mais cela ne les empêche pas de me dire "on va te manger" à chaque fois qu'il y a un France-Angleterre (rires). C'est pour cela que je préfère quand l'Angleterre gagne.

Comment aviez-vous vécu, de France, le dernier quart de finale de la Coupe du monde ?

J.N.: C'était un peu étrange. Beaucoup de joueurs m'avaient envoyé des messages sympas mais à mes yeux, les deux formations n'étaient pas en très grande forme à ce moment. Je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotion. Bien sûr, je souhaite toujours que l'Angleterre sorte victorieuse mais là, je n'ai pas vécu la défaite comme un drame.

Quel regard portez-vous sur l'équipe anglaise actuelle ?

J.N.: Je suis un peu étonné par cette formation. Elle a de nombreux jeunes joueurs dans ses rangs, qui sont bons en Premiership mais que ne connaissaient pas le niveau international. Et je trouve que malgré cela, elle réalise de belles choses. Pour tous ces joueurs, ce ne sera que le quatrième match en commun et même s'ils ont perdu contre les Gallois, ils sont sur la bonne voie.

Et sur l'équipe de France ?

J.N.: Les Français ont un gros potentiel. On attend beaucoup d'eux car si certains joueurs parviennent à faire la différence, la France peut être très dangereuse. Individuellement, les Bleus sont meilleurs. Plein de joueurs différents sont capables de réaliser des actions de classe mais cela manque parfois de cohésion pour l'instant. J'ai d'ailleurs l'impression que c'est souvent comme cela avec l'équipe de France.

Selon vous, qui va remporter le Tournoi ?

J.N.: Pour moi, ce sera le pays de Galles. C'est une équipe qui est actuellement en pleine possession de ses moyens, notamment physiques. Mais attention, si l'équipe de France trouve l'ingrédient qui manque encore dans son organisation collective, elle peut faire quelque chose de grand à Cardiff. Sur un match, les Bleus sont capables de battre n'importe qui, c'est bien connu.

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