Bleus : Et ça changerait quoi ?

Tout le monde attend une victoire des Bleus samedi soir face aux Gallois. Ce serait un minimum pour le dernier match officiel avant la Coupe du monde et juste après une défaite historique en Italie – faut-il le rappeler ? -. Mais s'ils gagnent, alors quoi ? Seront-ils vraiment plus avancés après un Tournoi globalement décevant, durant lequel les lacunes de leur jeu n'ont pas été comblées ?

Les questions, sur l'animation offensive notamment, n'ont jamais été si nombreuses et un succès à domicile contre le pays de Galles ne permettra pas de lever toutes les interrogations. Les Français ne s'en cachent pas, à l'image de leur sélectionneur Marc Lièvremont : "Un succès ne suffira pas à faire oublier la contre-performance de la semaine dernière et de toute façon, nos deux victoires (contre l'Ecosse, 34-21, et en Irlande, 25-22) n'ont pas suffi à faire taire les critiques. Quoi qu'il arrive, ça ne changera rien au climat extrêmement délicat dans lequel on va préparer la Coupe du monde."

"Une question d'honneur"

"Quoi qu'on fasse, on sait que tout le monde retiendra cette défaite en Italie et que gagner ne règlera pas tout, reconnaît Maxime Médard. Mais les joueurs ont tous envie de l'emporter. Nous en avons besoin pour être un peu plus libres dans nos têtes". L'intérêt d'un succès serait principalement mental donc, comme le confirme François Trinh-Duc : "Quelque part, une victoire nous ferait tourner la page, nous enlèverait ces bourdonnements dans nos têtes..." Pour ce qui est du jeu, les Français ont besoin de se rassurer sur les fondamentaux après leur indigence dans le combat à Rome. Morgan Parra détaille : "Un succès nous apporterait des certitudes dans le combat et dans l'agressivité. On verra pour le reste mais il faut absolument se retrouver sur ces secteurs-là." En bon capitaine, Thierry Dusautoir met les choses en perspective : "Une victoire permettrait de bien terminer et de se projeter plus rapidement vers le Mondial et sa préparation."

Savoir ce que les Bleus ont à gagner samedi est intéressant, mais leur demander ce qu'ils ont à perdre l'est au moins tout autant. Les réponses varient. Pour Imanol Harinordoquy, ils n'ont rien à perdre puisqu'ils ne pourront "pas faire pire". Un sentiment partagé par Yoann Huget : "Au point où on en est, je ne sais pas si on a quelque chose à perdre. Ce que je peux vous dire, c'est qu'on est des hommes et qu'on a à coeur de relever la tête. C'est juste une question d'honneur." C'est ça, les Français ne veulent pas perdre ce qui leur reste de dignité. "On veut se prouver des choses, pouvoir se regarder dans les yeux et sortir la tête haute" , prévient Harinordoquy. Le XV de France a "beaucoup à perdre et pas grand chose à gagner", résume Maxime Médard. Contrairement aux Gallois, qui eux, pourront peut-être venir chercher une première place du Tournoi en cas de défaite anglaise à Dublin...