Les Bleus décryptent le Trèfle

Par Rugbyrama
  • Dusautoir Harinordoquy 6 Nations
    Dusautoir Harinordoquy 6 Nations
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Joueurs et entraîneurs du XV de France dressent les caractéristiques des Irlandais avant le choc de samedi au Stade de France. Rien n'interdit de croire que les Français ont les armes pour mettre fin leur invincibilité.

Jouer son premier match à domicile face à une nation titulaire du dernier Grand Chelem et invaincue depuis douze matchs n'a, a priori, rien d'une sinécure. Pourtant, cette semaine à Linas-Marcoussis, le staff et les joueurs du XV de France n'étaient pas béats face aux Irlandais. Ils se sont passé le mot et tous, globalement, ont tenu le même discours. En résumé, cela ressemblait à : "Les Irlandais ne jouent pas beaucoup ; ils ne sont pas impressionnants ; ils sont truqueurs ; tout le monde sait ce qu'ils vont faire, etc." Défaits l'année dernière à Croke Park, les Bleus avaient peu ou prou tenu le même discours.

"C'est une équipe qui a longtemps perdu avec une génération que tout le monde annonçait dorée, souligne Marc Lièvremont. Elle a commencé à prendre goût à la victoire grâce à ses Provinces. Je comparais les Écossais aux Néo-Zélandais, eh bien les Irlandais me font penser plus aux Australiens. Ils ont le sens du détail, sont pragmatiques et terriblement efficaces. C'est l'équipe la moins pénalisée au niveau international..." Cela ressemble à une tentative de compliment. Mais le sélectionneur ajoute quand même : "Ils ne jouent quasiment pas. Leur lancement sont très près de la ligne..." L'ex-capitaine, Lionel Nallet ajoute : "Ils ne jouent jamais dans leurs cinquante mètres." Lors du Tournoi 2009, l'Irlande est l'équipe qui a effectué le moins de passe. Pas besoin d'en faire davantage, finalement, car le XV du Trèfle a une recette vieille comme le monde : un pack omnipotent, malin, vicieux, un ouvreur doté d'un jeu au pied hors pair et une ligne de trois-quarts capable, en trois occasions, d'inscrire deux essais.

Pour contrer les hommes en vert, les Bleus pourront, dans un premier temps, compter sur leur mêlée fermée, de nouveau dominatrice depuis à peu près un an. "Mais on ne peut pas penser gagner un match sur une mêlée conquérante, répond Lièvremont. De plus, il serait prétentieux de croire qu'on va mettre les Irlandais sur le toit dans ce secteur. " Thierry Dusautoir insiste : "Les Irlandais savent lâcher la pression quand il le faut. Nous, nous avons une très bonne mêlée mais nous ne sommes pas les meilleurs dans le vice. Il va falloir être malin pour ne pas tomber dans le piège." Excellent en Ecosse, Thomas Domingo passera, lui, un véritable test face à John Hayes : "S'il s'allonge bien, il est très difficile à bouger. Il faut à tout prix l'en empêcher. Ensuite, quand il est en difficulté, il baisse au maximum son vis-à-vis pour l'amener au sol. C'est vraiment quelqu'un de très solide."

Le secteur où la France risque de connaître des difficultés concerne la touche. Dans le Tournoi 2009, l'Irlande avait récupéré deux fois plus de ballons sur lancers adverses que les Bleus. "Ils sont toujours en avance, explique, admiratif, Imanol Harinordoquy. Je les étudie souvent à la vidéo à la recherche des solutions. C'est à la fois excitant et très difficile." Et encore s'il n'y avait que la touche... Cette semaine, tous les joueurs tricolores y sont allés de leur petite pique au sujet des attitudes déplaisantes des Irlandais dans les phases de rucks. "Ils sont pénibles car ils ont tendance à plaquer le joueur en bas et en haut, à deux, pour ralentir considérablement la libération au sol. C'est là que nos soutiens pour déblayer vont être primordiaux pour vite les enlever, dès le contact." Cela ne suffit pas toujours. Morgan Parra, l'un des plus remontés contre le trucage des Irlandais : "Ils trichent intelligemment. C'est très bien fait. Nous, si on faisait la même chose, on serait pénalisé à chaque fois. Samedi, ils ne tricheront pas que dans les phases de rucks. Sur les montées défensives, ils sont hors-jeu, effectuant toujours le petit pas en avant. On a disséqué cela à la vidéo : il n'y a pas un moment durant lequel ils ne trichent pas. J'espère que l'arbitre sera exigeant des deux côtés."

La charnière française aura ainsi pour mission "d'éviter les sorties proches des zones de rucks", dixit Lièvremont. "Nous allons devoir jouer davantage dans la zone du 10", préconise François Trinh-Duc. Et comme l'Irlande n'est pas la plus encline à entreprendre, ce sera aux Bleus de surprendre et de déplacer leurs vis-à-vis. "Ils ne s'exposent pas, appuie Dusautoir. Etant très performants sur les pick and go et dans le jeu d'avants en général, ils n'en font pas beaucoup plus. On en a fait l'expérience avec Toulouse il y a deux ans, en finale contre le Munster. Mais eux n'ont pas d'impératif de faire du spectacle : seule la gagne leur importe." Pour le XV de France aussi, seule la victoire importe. Mais pour cela, le jeu d'avants ne suffira pas.

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