Marqué, Lièvremont

Par Rugbyrama
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    RUGBY 2009 6 Nations France Marc Lievremont
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Jamais, depuis sa prise de fonctions, Marc Lièvremont n'avait été à ce point sous le feu des critiques, venues d'horizons divers. De ses choix de joueurs à ses options tactiques en passant la polémique sur le cas Lecouls, le sélectionneur vit une semaine tourmentée. Touché, il veut faire front.

Il faut reconnaître un mérite à Marc Lièvremont. Depuis qu'il s'est installé à la tête du XV de France, le successeur de Bernard Laporte n'a jamais fui les questions ni la critique. Mais aujourd'hui, celle-ci s'intensifie. Elle se veut plus large. Plus féroce aussi. Depuis le début du Tournoi, le patron des Bleus n'a pas été ménagé. Les médias l'attendent au tournant, ses adversaires aussi. Les résultats ne suivent pas. Le jeu patine. Eddie O'Sullivan, l'ancien sélectionneur de l'équipe d'Irlande, a même qualifié ses choix d'"imbéciles" avant le duel contre les Verts à Croke Park. La France du rugby, c'est vrai, se pose des questions. Toutes convergent vers un staff, vers un homme. Alors, mercredi matin, lors de la traditionnelle conférence de pressé consécutive à l'annonce du XV de départ, Marc Lièvremont est apparu beaucoup plus tendu qu'à l'accoutumée. Toujours posé, certes, mais visiblement très contrarié. Un peu touché, même.

Sans se voiler la face, il est le premier à admettre qu'il y a matière à critique. "Je la comprends, assure-t-il. Elle ne m'agace pas. Elle est même justifiée. Vous savez, nous sommes les premiers à ne pas être satisfait d'avoir perdu en Irlande, ou du jeu produit contre l'Ecosse. Il y a eu tellement de déchets que pour moi, ce n'est pas le vrai visage de l'équipe de France." Il voudrait apporter des certitudes, mais il n'en a pas à opposer aux interrogations, notamment celles sur cette drôle de charnière. Sans vrai demi d'ouverture. Sans véritable buteur. Il comprend. "Je me doutais bien que la question du buteur allait venir. Vous me posez des questions, j'essaie d'y répondre, d'argumenter. Je ne prétends pas détenir la vérité, mais je fais en fonction des circonstances, et franchement, elles ne nous aident pas en ce moment."

La réponse à Novès

Nous y voilà. Marc Lièvremont a un peu l'impression que l'Ovalie toute entière lui en veut. Entre la suspension de Florian Fritz, le forfait de dernière minute de Lionel Beauxis, ou la programmation du choc Toulouse-Clermont cinq jours seulement avant le match contre les Gallois qui fragilise près de la moitié de son XV de départ, la bouteille est pleine. Mais ce n'est pas le pire. S'il assume le jeu de la critique médiatique, il aimerait sentir davantage de soutien de la part de ses pairs, et éviter en tout cas certaines polémiques. "J'essaie toujours de positiver, de rester fataliste devant les aléas comme les blessures. Mais dans ce contexte difficile, certaines critiques n'ont pas lieu d'être. Elles sont mal venues et ne grandissent pas le rugby français", déplore le sélectionneur.

Il fait clairement référence au cas de Benoît Lecouls. Touché aux cervicales face à l'Ecosse, le pilier toulousain avait été écarté par le staff tricolore, conseillant au joueur plusieurs semaines de repos. Il a pourtant été aligné par Guy Novès dimanche contre Clermont et chez les champions de France, on n'a pas eu que des mots tendres pour Jean-Philippe Hager, le médecin de l'équipe nationale. "Quand j'ai Vern Cotter, qui me dit 'je vais bosser avec le petit Domingo à droite de la mêlée contre le Stade Toulousain pour vous aider', ce sont vraiment des choses qui font chaud au coeur. J'ai les mêmes échanges avec Fabrice Landreau au sujet de Sylvain Marconnet ou avec Eric Catinot pour Morgan Parra, cela se fait dans un climat chaleureux, en bonne intelligence, de façon constructive, reprend l'ancien troisième ligne. Que le champion de France, leader du championnat et seul représentant français en Coupe d'Europe se permettre de dire ouvertement qu'un membre du staff est incompétent, ça fait mal. D'autant que, depuis que je suis là, j'ai toujours essayé d'être conciliant avec les clubs et de privilégier la santé des joueurs."

A l'évidence, Marc Lièvremont se serait bien passé de cette polémique supplémentaire, qui ne contribue pas à le conforter à quelques jours d'un match aussi difficile qu'important. Quand on lui demande s'il en a gros sur la patate, il sourit. " Sincèrement, non, jure le sélectionneur. Parce que je prends encore beaucoup de plaisir avec ce staff, avec ces joueurs. Tout le monde est solidaire. On a le soutien de Jo Maso, de Pierre Camou. Au quotidien, tout se passe bien. Vous avez peut-être un peu le sentiment que je me lâche aujourd'hui, mais je n'ai pas d'états d'âme. Croyez-moi, on ne perd pas pied. Il y a même une forme de plaisir à se bagarrer dans l'adversité." Pour l'heure, c'est donc la vie de groupe qui le maintient debout. Mais jusqu'à quand? "Quand le plaisir ne sera plus là, ce sera la fin. Mais je n'en suis pas là." Touché, mais pas encore coulé.

RUGBY 2009 6 Nations France Marc Lievremont
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