Dopage: Gare à la dérive

Par Rugbyrama
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Lors d'analyses effectuées par l'AFLD, des traces de stéroïdes ont été trouvées dans les cheveux de plusieurs joueurs professionnels du Top 14. A Marcoussis, les joueurs du XV de France ont réagi à cette annonce. Tous sont d'accord pour dire qu'il faut à tout prix éviter cette dérive.

L'Agence française de lutte contre le dopage a lancé une petite bombe mercredi en annonçant que des traces de stéroïdes anabolisants avaient été trouvées dans les cheveux de joueurs de football et de rugby professionnels français, de quoi interpeller les responsables médicaux de ces fédérations. Pour la première fois, l'agence antidopage a fait analyser par deux laboratoires spécialisés 138 échantillons capillaires de sportifs issus du football, du rugby et du cyclisme professionnels, du cyclisme amateur et de l'athlétisme.

Sur ces 138 échantillons choisis au hasard, 22 contenaient des traces de stéroïdes, et plus précisément 18 de la DHEA, trois de la testostérone et un de la testostérone et la DHEA. Comme il s'agit d'une première, l'AFLD ne prendra pas de sanctions et ne divulguera pas les noms de ces sportifs. "Notre but est plus de voir ceux qui prennent ces produits cesser de le faire car ils sont très dangereux pour la santé", a précisé Pierre Bordry, le patron de l'AFLD.

Marconnet, plus confit que stéroïdes

Tous les sports sont touchés, le football arrivant en tête avec 7 cas sur 32 analysés, contre 4 sur 37 pour le cyclisme professionnel. Des joueurs du Top 14 figurent également dans cette liste. On ignore s'il s'agit de joueurs français ou étrangers. Mercredi matin, à Marcoussis, la nouvelle s'est répandue au moment même où les joueurs du XV de France venaient à la rencontre des journalistes pour le traditionnel point presse. Tous ont fait part de leur grande surprise, mais aussi, en filigrane, de leur inquiétude. "On l'a vu avec le cyclisme, certains sports ont été vraiment salis par le dopage et leur image en a beaucoup souffert. Ce serait triste que la même chose arrive au rugby. Il ne faut pas que ça dérape là-dedans ", a ainsi estimé Damien Traille.

De son côté, Florian Fritz pense qu'il y a peut-être eu des "erreurs" commises au niveau des clubs. "Il nous arrive de prendre certains compléments alimentaires qui sont autorisés. Tout est fait pour que ce soit dans les règles", assure le trois-quarts centre toulousain. Sylvain Marconnet, lui, ne se sent pas vraiment concerné. "Vous savez, moi, je n'ai pas grandi en étant élevé aux stéroïdes, mais plutôt au confit et à la tartiflette!" Mais cela n'empêche pas le pilier tricolore de se méfier. "Il faut faire attention. La dérive est possible dans n'importe quel sport. Ce serait dommage pour l'image du rugby et pour son avenir."

La "localisation" est mal vue

Si, pour cette fois, l'agence antidopage entendait simplement faire passer le message, elle pourrait bien à l'avenir utiliser les résultats des analyses capillaires à des fins disciplinaires. Les cheveux, qui sont gardés en stock, peuvent déjà servir à faire du ciblage, ou utilisés dans un faisceau de preuves pour incriminer un tricheur. Pour l'AFLD, ces résultats viennent justifier les nouvelles exigences de localisation que le milieu du football et du rugby a tant décriées. Car pour pouvoir diligenter un test inopiné, faut-il encore savoir où trouver l'athlète.

Sur ce point, les joueurs sont presque unanimement réfractaires. "Si on veut nous tester, il suffit de venir nous voir à l'entrainement. Un joueur qui prend des trucs interdits, ça laisse des traces de toute façon. On s'entraîne toujours au même endroit. Autant dans un sport individuel, pour quelqu'un qui s'entraine dans des endroits sans cesse différents, je comprends l'utilité de cette méthode, autant je suis sceptique en ce qui concerne un sport collectif comme le notre. Ils savent où nous trouver. Je trouve ça trop contraignant ", juge Damien Traille, résumant là un sentiment largement répandu chez les Bleus.

Si elles n'auront aucune conséquence disciplinaire, les révélations de l'AFLD prouvent que le rugby, pas plus qu'un autre sport professionnel, n'est à l'abri des dérives du dopage. Les instances internationales devraient en prendre conscience. On rappellera ainsi que, sur le Tournoi des 6 Nations 2009, l'IRB a décidé de se passer des contrôlés sanguins, au motif que tous ceux effectués lors de la précédente édition s'étaient avérés négatifs. Est-ce vraiment sérieux?

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