Chabal règle ses comptes

Par Rugbyrama
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S'estimant victime d'un acharnement médiatique après la lourde défaite à Twickenham face à l'Angleterre, Sébastien Chabal a réglé ses comptes avec les médias jeudi à Marcoussis. Le joueur est visiblement blessé, mais son argumentaire n'est pas toujours exempt de mauvaise foi...

"Vous m'avez bien soigné." Après deux ou trois banalités sur l'ambiance pesante de Marcoussis en début de semaine suite à la fessée anglaise, Sébastien Chabal a livré le fond de sa pensée jeudi au CNR devant les journalistes. Vexé, blessé, remonté, il a dit ses quatre vérités. Sa vérité. La presse, prétextant sa performance à Twickenham samedi dernier, se serait acharnée sur lui. Voilà sa vérité. Un règlement de compte? "Un peu, oui. Que vous fassiez votre métier, très bien. Certaines critiques sont justifiées. Mais ayez juste un tout petit peu de recul ", implore-t-il.

Il le sait mieux que personne, il n'a pas été bon face à l'Angleterre. Mais d'après lui, les journalistes ont poussé le bouchon trop loin. Nous serions dans l'outrance. "A vous lire, reprend le joueur de Sale, on a l'impression que je suis responsable des six essais marqués par les Anglais (NDLR: 5, en fait). Mais pour me défendre un peu, sur le premier, on se retrouve à deux et demi contre six et je n'ai pas les cannes d'un centre... Sur le deuxième, je perds un ballon effectivement. C'est ma grosse faute du match." On lui rétorque que personne ne l'a tenu responsable de tous les maux du XV de France. "J'exagère quand je dis ça. J'exagère comme vous le faites dans vos papiers. " En somme, il utilise les armes de l'ennemi. Cet ennemi qui n'a pourtant pas toujours été si déloyal à son égard...

Chabal, le Jacquet du rugby?

Car si Sébastien Chabal est aujourd'hui devenu un des sportifs les plus populaires de France, un des rares joueurs de rugby que n'importe quelle personne, même peu au fait des choses de l'Ovalie, est capable de reconnaitre au premier coup d'oeil, à quoi le doit-il? A ses prestations sous le maillot bleu? Partiellement, oui. On ne titille pas la barre des 50 sélections sans qualités. Mais il est avant tout devenu une bête médiatique. Cette image, il s'en sert, il l'exploite, et c'est son droit le plus strict. Il aurait tort de s'en priver. "On dirait que je vous dois quelque chose, s'emporte-t-il avec une pointe de mauvaise foi. Vous vous servez de moi pour vendre vos journaux. Même quand je ne fais rien, vous mettez ma photo partout pour vendre du papier. Détruire Sébastien Chabal, ça va vous faire vendre. Vous n'allez pas me dire le contraire..."

Que Chabal fasse vendre, c'est indéniable. Mais faut-il, en raison de sa notoriété, se priver de dire qu'il n'est pas impérial quand c'est le cas? Ne parler de lui que quand il s'estime bon? Ainsi serait-il devenu le bouc-émissaire des médias, celui qu'on jette en pâture au lecteur pour mieux le détruire. Chabal en Aimé Jacquet du XV de France, ça a de la gueule, non? Sauf que c'est un peu gros. Jusqu'à preuve du contraire, l'homme n'a jamais été attaqué. Ce sont ses performances sur le terrain qui ont fait l'objet de critiques après Twickenham, comme après son match à Croke Park face à l'Irlande, en ouverture du Tournoi.

"Pour la plupart, vous n'y connaissez pas grand-chose"

Ces questions seraient-elles illégitimes? Oui, selon l'intéressé. Pourquoi? Là, il lâche l'argument suprême: l'incompétence: "Si vous aviez été bons écrivains, vous auriez écrit des romans. Vous ne vous feriez pas chier à nous fracasser après tous les matchs ou essayer d'être entraîneurs de rugby alors que, pour la plupart, vous n'y connaissez pas grand-chose." Sauf que les scribouillards incompétents ne sont pas les seuls à émettre des doutes sur lui. Des anciens internationaux, dont la pertinence du jugement ne saurait être mise en doute, émettent eux aussi de sérieuses réserves.

Après tout, que Sébastien Chabal soit touché par les critiques, c'est légitime. Il finira par le dire: une phrase lui est particulièrement restée en travers de la barbe. " Quand on écrit que Chabal doit retourner à sa vraie place, c'est-à-dire sur les abribus, c'est de la méchanceté pure. Ce n'est plus de l'analyse", estime-t-il. On peut être d'accord avec lui, c'est une affaire de sensibilité. Quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas d'une attaque sur sa personne, mais sur le joueur. Tout au long de ce Tournoi, qui a parlé d'autre chose que du joueur Chabal? "Je ne vous demande pas de faire un article parce que j'ai joué au ping-pong hier", lance-t-il, alors que personne ne lui parlait d'autre chose que de son jeu, de ses matches. Qu'il se rassure, samedi, à Rome, il ne s'agira que de parler de son match. Qu'il soit bon. Ou mauvais, comme à Twickenham.

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