Beauxis, comme un symbole

Par Rugbyrama
  • Eurosport
    Eurosport
Publié le
Partager :

Aligné pour la première fois sous l'ère Lièvremont, Lionel Beauxis a alterné le bon et le moins bon en Irlande. A l'image des Bleus. L'ouvreur parisien a néanmoins prouvé qu'il n'avait pas qu'un pied monstrueux, mais qu'il pouvait aussi être un animateur intéressant offensivement.

Parce qu'il est peu disert avec les médias comme avec ses coéquipiers, le groupe l'avait affublé d'un drôle de surnom pendant la Coupe du monde 2007: Bernardo, en référence au serviteur muet de Zorro. Pas forcément très flatteur. C'est vrai, Lionel Beauxis s'exprime peu. N'empêche, une fois sur le terrain, à sa façon, il sait prendre la parole. Le jeu, c'est sa façon de se faire entendre. Face à l'Irlande, il avait des choses à dire et nous avions très envie de l'écouter, car l'ancien petit prodige de la Section paloise était très attendu.

Pourquoi lui, plus qu'un autre? Parce qu'il n'avait plus été aperçu sous le maillot bleu frappé du coq depuis la Coupe du monde 2007. C'était donc sa grande première sous l'ère Lièvremont. Des débuts tardifs dus aux blessures qui l'ont miné tout au long de l'année 2008, davantage qu'à une forme de défiance, car le staff connait parfaitement Beauxis. Il était le demi d'ouverture des Moins de 20 ans lors du titre mondial en 2006. Les entraîneurs des jeunes Bleus se nommaient alors Emile N'Tamack et Didier Retière. D'où une certaine impatience à l'idée de le voir à l'oeuvre dans ce Tournoi 2009, à deux ans d'une Coupe du monde où il pourrait être appelé à jouer un rôle majeur, plus encore que lors de la précédente.

Un bijou pour Médard

Face à l'Irlande, dans le rôle du chef d'orchestre, Beauxis s'en est tiré avec les honneurs. Son jeu au pied, son gros point fort, n'a globalement pas failli, avec une transformation complètement en coin et deux drops bien ajustés. Ce n'est toutefois pas sur ce point qu'il était le plus surveillé, mais davantage sur l'animation du jeu. A vrai dire, beaucoup se demandaient si Lionel Beauxis était l'homme adéquat pour orchestrer cette volonté de jouer à tout prix martelée par Lièvremont. De manière un peu simpliste, on le présente parfois comme un monomaniaque du jeu au pied, capable d'ajuster des coups de chausson de 70 mètres, mais guère plus créateur qu'un gastéropode assoupi.

Or, après un début de match très hésitant, avec quelques passes bien mal ajustées, il a rectifié le tir. "Il a eu un bon jeu au pied et une bonne gestion du jeu en première mi-temps ", souligne Marc Lièvremont. Dans l'animation, il a eu l'intelligence de varier ses options d'attaque, à l'image des deux essais tricolores, sur lesquels il est impliqué. Sur le second, sa passe au pied pour Maxime Médard est un vrai bijou. "J'ai un peu de chance avec le rebond, mais j'avais vu que l'arrière irlandais ne venait pas fermer en deuxième rideau. Nous en avons profité", raconte le numéro 10 du Stade français. Globalement, il a prouvé pendant 80 minutes qu'il pouvait être l'ouvreur d'une équipe joueuse. L'homme de la situation, en somme.

Un gros trou défensif

Malheureusement, la copie "beauxiste" est loin d'être immaculée. Offensivement, il a perdu de la lucidité au fil du temps. "J'ai trouvé Lionel très bon dans les renvois et les pénalités. En revanche il faut encore qu'il s'améliore dans l'alternance. On avait prévu qu'il joue beaucoup plus au pied dans les deuxièmes temps de jeu ", regrette Gonzalo Quesada, spécialiste du jeu au pied. Mais son plus gros couac est à mettre à son débit dans la colonne "défense". Juste après la reprise, en se trouant de manière monumentale à l'heure de plaquer Brian O'Driscoll à l'entrée des 22m, Beauxis a permis au capitaine irlandais de marquer le deuxième essai de son équipe. Le tournant du match, car une fois menés 20-10, les Bleus se sont épuisés à courir après le score.

A ce titre, il fut finalement le symbole d'une équipe entreprenante mais parfois maladroite, audacieuse ballon en main, mais friable défensivement. Bref, entre promesses et déchets, entre espoirs et regrets, Lionel Beauxis ressemble à cette équipe de France. A moins que ce ne soit le contraire. En tout cas, il mérite d'être revu.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?