Alerte rouge?

Par Rugbyrama
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Rarement les Gallois ont été à ce point favoris en débarquant à Paris. Au point que certains estiment que la mission du XV de France relève de l'impossible, ce soir. N'en fait-on pas un peu trop? Côté français, si le XV du Poireau inspire le respect, voire la crainte, on est loin de partir battus.

Dire qu'il y a quelques années, Clive Woodward, Sir Clive Woodward en personne, avait plaidé pour la dislocation du Tournoi des 6 Nations. L'argument du patron de l'Angleterre sacrée championne du monde en 2003? Le fossé qui se creusait alors entre le XV de la Rose et la France d'une part, et le reste de l'élite européenne de l'autre. Italiens, Ecossais, Irlandais et Gallois étaient accusés de tirer Anglais et Français vers le bas. Aujourd'hui, la supplique "woodwardienne" parait bien en décalage avec la réalité du moment. Depuis deux saisons, les Bleus pataugent et la Rose patine. Le pays de Galles, lui, est (re)devenu la référence, en termes de jeu comme de résultats. Auteur du Grand Chelem l'an dernier, le XV du Poireau reste sur huit victoires consécutives dans le Tournoi, dont il est l'indiscutable favori.

Au point que le XV de France est dans ses petits souliers à l'heure d'accueillir les Diables Rouges à Saint-Denis. Jamais, au cours de ces 30 dernières années, les Bleus n'avaient été à ce point en position d'outsiders avant un match à domicile contre les Gallois. L'assurance galloise, conjuguée aux incertitudes tricolores, expliquent cet état de fait. Marc Lièvremont ne s'en offusque pas. "Ça se justifie un peu à travers leurs performances, estime le sélectionneur. Ils ont une continuité dans leur jeu assez impressionnante depuis un an. Et sur la forme du moment, ils restent sur deux victoires assez probantes, alors que nos deux prestations ont été plus inégales."

Barcella: "Pas de complexe à faire"

Comme leur coach, les joueurs français admettent leur statut de "petit", à l'image du dernier arrivé à Marcoussis, Mathieu Bastareaud. "Le jeu gallois va très vite, note le centre parisien. Ils mettent de l'intensité dans toutes les zones du terrain. Ce qu'ils font n'est pas très compliqué en soi, mais ils le font bien et c'est toujours efficace. Puis le retour de Shane Williams va leur donner une confiance supplémentaire." "C'est normal de les craindre, ajoute le capitaine Lionel Nallet. Quand on voit ce qu'ils proposent en ce moment, il n'y a pas mieux en Europe. Leurs résultats parlent pour eux, leur jeu aussi. Ce n'est pas encore notre cas."

Mais n'en fait-on pas un peu trop avec ces Gallois? Certes, ils sont forts. D'accord, ils seront favoris vendredi soir. Mais depuis quelques jours, on a le sentiment que défier les Rouges au Stade de France est une mission plus compliquée que d'aller jouer les Blacks à l'Eden Park. La presse britannique annonce d'ailleurs une victoire certaine des Rouges au Stade de France. Dans le camp français, si la crainte est réelle, certains trouvent qu'il ne faut pas non plus exagérer. Clément Poitrenaud est le premier à être monté au créneau dans ce registre cette semaine. "Franchement, lance l'arrière toulousain, on les respecte, on les redoute même, mais je ne vois pas pourquoi on serait terrorisé." "Ils ont des défauts, comme tout le monde et il y a des solutions à trouver ", renchérit Nallet. Un avis partagé par le pilier Fabien Barcella: "je ne crois pas qu'il y ait de raison de faire des complexes. En France, on tombe vite dans les extrêmes. On gagne deux matches et on prend tout le monde de haut. On en perd un et on est minables."

Il y a du bon sens dans les propos du Biarrot. Il y a aussi une réalité. Tout, absolument tout, tend vers une victoire galloise: expérience, talent, confiance, collectif, le XV rouge est actuellement supérieur sur tous ces plans à son homologue bleu. Même les circonstances lui sont favorables, avec cette journée de Top 14 si mal venue le week-end dernier, pendant que les Gallois se reposaient et regardaient nos internationaux s'étriper. Et si, finalement, ce côté "mission impossible" s'avérait être le meilleur argument français? Warren Gatland, le sélectionneur gallois, s'est d'ailleurs échiné toute la semaine à mettre ses troupes en garde.

Mais cet improbable atout n'enchante pas Marc Lièvremont. "Franchement, je préfèrerais qu'on soit favoris chez nous. Je sais bien que la France a souvent réussi de grands exploits quand personne ne l'attendait. On me parle du quart de finale contre les Blacks. Mais dans ce rugby moderne, si on est cartésien, on doit se rendre compte que ce genre d'exploit ne pourra pas se reproduire éternellement ". Lièvremont a raison. La logique donne le pays de Galles vainqueur. Finalement, c'est peut-être autant le contexte, si défavorable, et les faiblesses françaises, plus encore que les qualités galloises, si grandes soient-elles, qui incitent à faire de la montagne rouge un obstacle infranchissable.

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