Quatre essais et un enterrement

Par Rugbyrama
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La première période livrée par les Bleus à Twickenham dimanche fera tristement date. En 40 minutes, le XV tricolore a encaissé 29 points et quatre essais sans en rendre un seul. Une humiliation qui va marquer ce groupe au fer rouge pour longtemps. A chaud, les Français ne comprenaient pas bien...

C'était une mi-temps d'une autre époque. Bien sûr, face aux Blacks, ou aux Boks, le XV de France a parfois bu la tasse dans des proportions identiques. Mais dans le Tournoi, le naufrage tricolore de la première période a quelque chose d'inédit dans l'ère moderne. 29 points encaissés, aucun inscrit, et quatre essais dans la musette. On se serait cru revenu en 1911, date du premier voyage des Bleus à Londres dans le cadre du Tournoi. Ils s'étaient inclinés 37-0. C'est toujours, à ce jour, leur plus lourde défaite contre l'Angleterre. Le record a bien failli tomber dimanche. La mansuétude anglaise lors du second acte a permis de l'éviter, et d'atténuer, au moins au plan comptable, la lourdeur de la défaite. Mais il restera cette humiliation de 40 premières minutes en enfer, au cours desquelles le XV tricolore a ressemblé aux Roumains face aux All Blacks.

Ce fut presque trop gros pour être vrai. D'ailleurs, à chaud, les Français étaient presque incrédules et à court d'explications. "C'est difficile à expliquer", souffle Lionel Nallet. " Tout de suite après le match, c'est difficile de faire une analyse , confirme Julien Malzieu. On se demande ce qu'il s'est passé. Comment c'est possible." A défaut de pouvoir comprendre, reste le ressenti. Visiblement, il a été terrible. "J'ai eu la sensation qu'on arrivait en retard sur toutes les phases de jeu ", reprend le capitaine. "Je n'ai qu'un souvenir de la première mi-temps: on tombe des ballons, on perd des duels et on court après les Anglais", raconte de son côté Sébastien Chabal.

Chabal: "On savait et on n'a pas su répondre"

Alors, que s'est-il vraiment passé au cours de cette première période totalement surréaliste? Comme le dit Marc Lièvremont, il n'y a sans doute pas 30 points d'écart par mi-temps entre l'Angleterre et la France. Mais les protégés de sa majesté ont proposé un défi que les Bleus n'ont pas su relever. Au plus mal, avec un sélectionneur sur la sellette, des résultats décevants, des leaders à la dérive, les Anglais jouaient leur Tournoi sur ce match. Il fallait s'attendre à une entame de feu, à une révolte. Elle a bien eu lieu et, paradoxalement, les Français ont semblé surpris. "On savait qu'ils avaient besoin de cette victoire. On savait et on n'a pas su répondre" , regrette Sébastien Chabal.

C'est d'autant plus inexcusable que les Français se sont retrouvés dans la même situation pas plus tard qu'il y a deux semaines. Critiqués, le couteau sous la gorge, ils avaient eu une réaction d'orgueil salvatrice face aux Gallois au Stade de France. Ils mesuraient donc parfaitement l'état d'esprit qui pouvait animer leur adversaire dimanche. "On ne démarre pas un match à Twickenham contre une équipe d'Angleterre qui vient de perdre deux matches la fleur au fusil", clame Lièvremont. " C'est un problème de mental. On a rien à leur envier rugbystiquement ", estime François Trinh-Duc.

La faillite a en tout cas été totale. Collectivement et individuellement. Tous les secteurs du jeu ont été touchés. La première offensive anglaise a débouché sur un essai. La première touche? Ballon perdu par l'alignement français? Première mêlée? Bras cassée pour les Anglais. Première pénalité de Parra? Complètement à droite. On ne parle pas de tous ces ballons tombés, de l'indiscipline et des trous béants en défense. Un naufrage aussi massif a de quoi sidérer. Une fois la tête sous l'eau, le XV de France n'a jamais pu refaire surface. "On ne pouvait pas plus mal attaquer le match et on n'a jamais su reprendre le fil ", juge Sylvain Marconnet. Au final, cette première période restera certainement comme une des plus sombres de l'histoire du rugby français, de celles dont on reparle dix ans plus tard, toujours avec le même mal de tête.

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