Le talonneur devenu pilier

Dimitri Szarzewski ou l'âge de raison. A 25 ans, le Parisien semble parti pour donner la pleine mesure de son talent. En club comme en sélection. A sa manière. Modestement et sans faire de bruit. L'ancien Biterrois a incontestablement franchi un cap ces derniers mois, ce qui n'a pas échappé à Marc Lièvremont. Tenté de titulariser le néophyte catalan Guilhem Guirado contre l'Italie, le nouveau sélectionneur s'est finalement ravisé. Pour une seule raison. "L'hypothèse a été sérieusement envisagée, avoue-t-il, mais Dimitri se comporte vraiment comme le patron de la première ligne depuis plusieurs semaines et même comme le patron du pack avec Lionel Nallet".

Sacré compliment. Avec le capitaine Nallet, Szarzewski sera effectivement le seul membre du pack à enchainer comme titulaire les trois rencontres disputées au Stade de France dans le Tournoi. Tranquillement, il est aujourd'hui le taulier au poste de talonneur. Même s'il s'en défend, évidemment. "Je ne suis propriétaire de rien. On me fait confiance, alors je joue et j'en suis très heureux. Mais si demain je ne suis pas bon, on mettra quelqu'un d'autre", assure-t-il, lucide. Cette heure n'a, a priori, pas encore sonné.

Retière: "Une grosse marge de progression"

Szarzewski est en fait un des principaux bénéficiaires de la nouvelle donne bleue. Des trois talonneurs présents dans le groupe des 30 pour la Coupe du monde, il est le seul encore dans le coup. Raphaël Ibanez a pris sa retraite internationale, alors que le nouveau staff ne compte pas sur Sébastien Bruno, jugé trop vieux (33 ans). Débarrassé de l'ombre très imposante du capitaine Ibanez, Szarzewski a la voie libre. Il est l'un des rares à pouvoir incarner l'avenir dans l'optique du Mondial 2011 (il n'aura alors que 28 ans), tout en présentant une garantie pour le présent. Une aubaine dans le contexte actuel.

Du haut de ses 25 sélections, il fait donc presque figure d'ancien. "Il fait partie de ceux sur qui on compte, c'est clair, avance Didier Retière, l'entraîneur des avants. Ce qui est intéressant avec Dimitri, c'est qu'il possède encore une grosse marge de progression alors que c'est déjà un joueur très compétitif à son poste. Son volume de jeu est colossal". Son profil de talonneur dynamique sied bien à la philosophie actuelle du XV de France. "Je prends beaucoup de plaisir dans cette équipe, même si ce style de jeu demande beaucoup d'exigence au niveau physique. Mais je m'éclate ", assure le Parisien.

Promu capitaine au Stade Français, il prend du galon et des responsabilités à tous les étages. "C'est toujours agréable, concède-t-il. Je n'étais pas forcément demandeur à la base, mais j'aime beaucoup ce rôle. Est-ce que je suis un leader ? Je ne sais pas. C'est aussi le poste qui veut ça, mais j'ai davantage confiance en moi et en mon jeu, c'est certain." Cette forme de plénitude, de Jean-Bouin à Marcoussis, doit lui permettre de devenir un membre incontournable. Talonneur mais aussi pilier, tel est l'avenir de Szarzewski.