3 années charnières pour le rugby féminin, qui espère prendre son envol

Depuis la Coupe du monde 2014 à Paris, le rugby féminin a beaucoup évolué notamment à haut-niveau. La densité physique et le rythme de jeu ont considérablement augmenté. Les filles vont à la musculation, les entraînements deviennent obligatoires dans certains clubs, il y a une vraie prise de conscience en Top 8 et en équipe de France selon Gaëlle Mignot. Avec des impacts très rugueux, de longues séquences offensives et même un drop de 40 mètres, cette finale a été pour Laura une superbe vitrine pour le rugby féminin.

Une qualité des matches primordiale pour la capitaine des Bleues : Cela doit venir de nous, notre attractivité passe par là. Justement, la formation des jeunes filles est en plein boom. En plus des quatre Pôles Espoirs, un Pôle France Féminin a vu le jour et rassemble ponctuellement les meilleures jeunes joueuses. Les filles intègrent plus tôt les clubs avant de débarquer en Top 8 et de bousculer la hiérarchie analyse la Villeneuvoise. Des étrangères viennent même gonfler les rangs.

Mignot: "Quand on dit aux Pros que nous ne sommes pas payées, ils croient que c’est une blague"

Le gouffre reste énorme avec les garçons. À Provale depuis deux ans, Gaëlle Mignot peut échanger avec les Professionnels qui ont rarement conscience de leurs difficultés. Quand on leur dit que nous ne sommes pas payées, que certaines ont même posé des congés, ils croient que c’est une blague. Mais c’est la triste réalité. Le statut de la joueuse n’a pas évolué sauf pour les internationales à 7 désormais semi-professionnelles.

On s’entraîne beaucoup, on fait des gros matches. Mais le lundi, on est au boulot ajoute l’Héraultaise. Sans emplois du temps aménagés, le repos est rare mais l’organisation actuelle du rugby féminin ne permet pas de faire autrement. On tend vers ce statut semi-pro pour les joueuses de Top 8 mais cela nécessite des budgets qu’aucun club n’est capable d’assumer confirme Laura Di Muzio.

Di Muzio: "La médiatisation est le nerf de la guerre"

Laura et ses associés ont donc lancé "Ladies Just Amazing". Une société qui veut rendre visible le rugby féminin et aider les joueuses à vivre de leur passion. Pour cela, elle n’hésite pas à toquer à la porte de potentiels sponsors notamment par le biais de tournois d’enteprises dirigés par les joueuses du LMRCV. Mais pour elle, la médiatisation reste le nerf de la guerre.

France 4 va désormais retransmettre l’intégralité des matches de l’équipe de France dans l’Hexagone dont le Tournoi des 6 Nations Féminin. Des rencontres à suivre également en différé sur Eurosport. La chaîne qui diffusera aussi quelques rencontres de poule du Top 8 ainsi que les demi-finales et la finale en co-diffusion avec la chaîne publique.

Les Tricolores participeront en juillet à la 1ère édition des Women's Rugby Super Series à Salt Lake City. Elles y retrouveront l'Angleterre, le Canada, et les Etats-Unis dans un tournoi type Coupe du monde avec des matches tous les quatre jours décrypte la talonneur des Bleues. Avec les Jeux Olympiques cet été au Brésil, le Mondial 2017 en Irlande, et la Coupe du monde de rugby à 7 en 2018 aux États-Unis, le rugby féminin espère enfin prendre son envol.